J’étais un photographe, et je suis fier de l’avoir été

20 novembre 2014

J’étais un photographe, et je suis fier de l’avoir été

Un ancien Photographe
Un ancien Photographe

Dans la vie il y a des souvenirs dont on veut garder toujours. Ils sont en nous un passé glorieux dont on ne veut pas se séparer ou oublier. D’autres par contre ne nous rappellent rien. Ils constituent ce côté obscure de soi dont on veut coute que coute s’en débarrasser. Dans ma vie, j’ai été photographe. C’était à Abuja au Nigéria de 2003 à 2007. J’ai fait de la photographie pour payer les frais de mes études. Au début, j’ai fait un pseudo apprentissage d’un jour suivi d’un stage de 2 mois au près de mon oncle, qui lui était depuis longtemps dans le métier. C’était pour les 2e fois que je me rende à Abuja pour passer mes vacances. Au même moment, la situation académique était si difficile au pays que j’ai décidé de ne plus revenir et continuer à l’université Abdou Moumouni de Niamey mes cours de Géographie. J’étais en 2e année. Le nombre des étudiants est devenu pléthorique. Les salles de cours sont devenues insuffisantes. Pour avoir une place, il faut aller très tôt à la fac. Au restaurant universitaire c’est aussi la même chose. Mais, laquelle de ces 2 doit-on choisir ? Aller au restau tôt pour ne pas mourir de faim, ou aller tôt pour avoir une place dans l’amphithéâtre pour ne pas rater ses UV(unité de valeur)? voyant ce qui se passe, un jour un de nos enseignants nous dit : « l’universitaire n’est pas faite pour les enfants des pauvres. Si vous savez que vous n’avez pas de moyens, allez rejoindre Komabangou ».( C’était un site aurifère découvert il n y a pas longtemps) Quelle tristesse !  Nous étions allés à l’université à une période où les dirigeants de la 5e république menaient une guerre féroce contre les « longues études ». C’était en 2001.

En vacance chez mon oncle à Abuja, j’ai commencé à faire la photographie. Après une semaine j’ai pu verser une partie des frais d’inscription dans un institut d’Informatique. Aux heures libres, j’accroche ma camera. Wuse Zone 6 était mon champ d’action. A moins d’un an je suis devenu populaire. Je deviens en même temps le photographe du quartier. Je filme presque toutes les cérémonies des habitants de Zone 6. C’est en ce moment que j’ai fait la connaissance d’un certain Alaye dit « The Father ». C’est un Igbo, originaire du sud Nigéria. C’est un MC (Master of ceremony). Tout ce qui lui plaît, c’est de se faire photographier en compagnie d’une haute personnalité. Je devin automatiquement son photographe personnel.

Une photos prise à Yar Adua Center
Une photos prise à Yar Adua Center

La photographie était devenu mon gagne pain quotidian pendant tout mon séjour au Nigéria. Mais, le jour où j’ai pris ce travail au sérieux c’était au vernissage d’un livre sur la vie du vice président du sénat (Ibrahim Mantu). C’était à International Conference Center (centre international de conférence). La salle grouille de monde. Un communiqué sécuritaire obligeait à tout le monde de s’assoir, sauf les agents de presse ou les photographes. Le président Olusegun Obasajo sera de la partie. Il est le parrain même de la cérémonie. Aujourd’hui j’aurais même un président dan mes clichés, tout soliloquant. En ce moment précis, je réalise la portée de mon métier. Il n’est pas inutile comme le soutient un des grands frères. Je le connais bien. Nous sommes du même village ; nous avions fréquenté la même école. Il était toujours parmi les derniers. Pour lui la photographie c’est haram, illicite. Dans leur raillerie, un autre affirme que même si je fini ces études d’informatique, je ne trouverais pas du travail au Niger. Peu importe !

Petit à petit Alaye me fait découvrir Abuja. C’est coin chaud. Avec lui j’ai connu physiquement et filmé beaucoup d’hommes politiques nigérians. J’intègre aussi ce cercle de photographe d’Abuja. Ils sont nombreux et chacun avec sa compétence. Il y a des photographes des conférences, des mariages, ou de photos de passeport et des photographes ambulants. Ce qui est curieux dans ce métier, la plupart des photographes n’utilise pas leurs propres noms. Ils ont tous des sobriquets : AD ; Iron ; Sir Pe ; Ray ; DZ ; etc. Moi je n’ai pas de surnom, j’ai utilisé mon vrai nom : Usman. Je suis actuellement au Niger. Je ne travaille pour personne. Cependant, mon séjour au Nigéria et le photographe que j’était m’ont évité de basculer dans ce camp de jeunes diplômés qui comptent toujours sur l’état. Travaillé pour l’état n’est pas une fin en soi. J’ai ma propre entreprise que je dirige aujourd’hui. Et mes études aussi que j’ai faites mon permis d’être moi-même et en plus un blogueur chez Mondoblog.

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