C’est quoi la masculinité chez vous ?

3 février 2015

C’est quoi la masculinité chez vous ?

imageEtre homme chez moi, c’est être capable d’assumer toutes les responsabilités. Le système patriarcal en tant que socle de la société nigérienne en général et du monde «hausa» en particulier, consacre un effacement de la femme dans la prise des grandes décisions au sein de famille et de la communauté. Dans cette société où le patriarcat est reconnu comme l’unique régime familial, les hommes et les femmes peuvent être prisonniers d’un système de relations de dépendance qui cause des frustrations aux uns et aux autres. C’est pourquoi, au nombre des problèmes actuels, figurent la place et le rôle de la femme. Hier encore, elle était occultée dans la société, aveuglement soumise aux innombrables tabous,  écrasée par une excessive autorité maritale et par la pression des traditions. Elle se trouve aujourd’hui face aux exigences de l’évolution moderne, d’où la question du genre.

Dans  la société traditionnelle nigérienne l’homme, est le porte-flambeau de la communauté en général et de son lignage en particulier. Il doit affronter les obstacles. C’est pourquoi quand un mari manifeste son désir de se désengager face à une situation qu’il juge dangereuse ou délicate, sa femme lui dit « Kawo wondo in baka zane ». Littéralement, ça veut dire « donne-moi le pantalon je te donne le pagne » (chez moi aucun mari ne veut se trouver dans une telle situation). Cela constitue un grand défi lancé à l’homme par la femme, car le pantalon symbolise la force, l’agressivité tandis que le pagne c’est la faiblesse, la tendresse et la ruse. Ne pas agir, c’est être lâche, c’est se féminiser. L’homme ne médit pas. Au cours d’une bagarre, il ne se contente pas de tenir des propos dilatoires ou diffamatoires pour neutraliser son adversaire. Mais, il fait usage de sa force physique pour se faire entendre contrairement à la femme. Cette dernière, fait de la diffamation sa meilleure arme pour asphyxier psychologiquement l’adversaire. Un vrai homme ne se bagarre jamais avec une femme. Le combat n’est pas « loyal ». L’homme ne pleure pas à haute voix quelles que soient les circonstances, mais il larmoie. Il ne recule pas face à l’adversaire. Il ne s’éclate pas de rire, mais sourit.

Toutefois, ces qualités sociales de différenciation entre l’homme et la femme ont des conséquences souvent négatives sur le vécu masculin. Parfois, certains hommes qui ne sont pas en mesure de déployer les pouvoirs et les compétences qu’on attend d’eux, adoptent une attitude passive ou se réfugient hors de leur localité d’origine. Beaucoup d’hommes ont détalé de leur village parce qu’ils pensaient avoir commis un acte « honteux » : voler un voisin ; tentative de viol, perdre une compétition pour ne citer que cela.

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Commentaires

renaudoss
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Il est vrai que bien des sociétés africaines (pour ne pas dire toutes) ont des règles assez rigides et nombreuses, qui pèsent sur les épaules des deux genres. Même si les choses semblent aller à l'avantage des "mâles", ce n'est pas toujours le cas, comme tu le montre bien.
Faire désertion pour défaut de masculinité, c'est quelque chose dont je n'avais encore jamais entendu parler jusqu'alors, intéressant.

ASSOUMANE Habibou
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Oui il n'y a de règles sans exceptions. Je prendrais un autre temps pour parler de la féminité (peut être). Merci vraiment pour l'intérêt que vous portez à mes articles.