Niger : fin de l’audit du fichier électoral

7 janvier 2016

Niger : fin de l’audit du fichier électoral

drapeau_nigerLe suspense est enfin terminé. L’audit sur le fichier électoral nigérien révèle qu’il y a des erreurs, mais que celles-ci sont faibles et homogènes.

Le dimanche 3 janvier 2016, les experts dépêchés par l’Organisation Internationale de la Francophonie, pour faire le point sur la fiabilité du fichier électoral nigérien, ont remis leur rapport de synthèse des travaux. Dans un document d’une cinquantaine de pages, les experts de l’OIF ont scruté tous les partis politiques et tous les acteurs impliqués pour évaluer l’état réel du fichier avant l’édition des cartes. Cet exercice devait en effet restaurer et renforcer la confiance dans les listes électorales. Les partis de l’opposition politique et certains membres de la société civile nigérienne avaient remis en cause le processus même du recensement et la gestion du fichier électoral. Certains politiciens avaient par ailleurs posé comme condition à leur participation au processus électoral, l’audit de ce fichier. Mais les autorités actuelles ne voulaient pas céder aux exigences parfois trompeuses de l’opposition. Le 21 décembre de l’année dernière, le coordinateur national du fichier électoral biométrie (CFEB) a remis officiellement à la commission électorale nationale (CENI) le fichier comportant la liste de tous les électeurs. Selon la loi électorale nigérienne, la CENI doit disposer de ce fichier au plus tard deux mois avant les échéances électorales. Après la réception du document, le gouvernement a eu recours à l’OIF pour tester sa conformité. Si rien n’était fait, cela risquait d’être la source d’un autre problème politique.

Quatre éminents experts (un Malien, un Burkinabé, un Mauritanien et un Congolais) de l’état civil, ont passé au peigne fin le fichier électoral nigérien et ce, pendant 7 jours (au lieu de 8). Il ressort des leur analyse que les dispositif mis en place présente des faiblesses : entre autres, la non remise des récépissés aux électeurs recensés et l’absence des textes réglementant la gestion de l’âge des électeurs qui n’ont pas de date précise de naissance. Cela n’est un secret pour personne: au Niger, beaucoup de gens nés avant les années 1980 et vivant dans les zones rurales ne connaissent pas leur date de naissance exacte (y compris moi). Cela dit, sur un total de 7 681 545 électeurs retenus, 7 649 316 ont l’âge requis pour voter au 21 février pour la présidentielle et les législatives. Par ailleurs, 35 lecteurs apparaissent sans nom, 939 sans prénoms, et 5 337 figurent sans prénoms et sans nom, ni même prénoms et noms de la mère. Il apparaît aussi dans ce même rapport que plus de 10 000 localités (10 632 pour être précis) n’ont pas d’électeurs, soit 29,3%. 323 bureaux de votes ne présentent pas d’électeurs. Il est à noter aussi que notre fichier électoral est plein de doublons et d’inscriptions multiples.  Ainsi, 50 629 doublons ont été trouvés, dont 25 484 à supprimer. Le logiciel utilisé pour la création de la base de données présente lui-même des erreurs, car il ne permet pas les ajouts, les modifications ou les suppressions.

Même s’il est relativement léger, il faut dire que cet audit sera une base solide de redressement du processus. L’essentiel est là, on peut donc dire bravo ! Il est apparut clairement que ces manquements n’ont pas de mauvaises implications pour le processus électoral à venir. Heureusement, ces erreurs n’ont pas été introduites par une partie ou une autre pour manipuler le scrutin. Il est impératif de les corriger et, surtout, de publier les listes de manière transparente, en tenant compte de toutes les recommandations.

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