Contre les appels encombrants

Article : Contre les appels encombrants
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29 mars 2016

Contre les appels encombrants

Il n’y a pas plus ennuyeux qu’un appel à répétition  d’un correspondant anonyme. Pour certains, un téléphone est fait pour appeler tout le monde n’importe comment et à tout moment.

Parfois ce ne sont mêmes pas de vrais appels. Quelqu’un que tu ne connais pas te bipe 5 fois à l’intervalle de 2 minutes. Il veut quoi, tu ne sais pas. S’il est à court de crédit de communication rien ne l’oblige à insister. Ce sont les filles qui le font à l’endroit des jeunes garçons, et les hommes aussi. Beaucoup se sont fait des copines à travers cette pratique perverse. Le principe est de composer un numéro à tout hasard. S’il décroche, on s’emballe dans la discussion. Si le correspondant n’est pas un habitué et commence à s’énerver on se cache derrière le fallacieux prétexte que c’est une erreur. « C’est ma cousine Zina que j’ai voulu appeler, pardon » ; « c’est ce numéro qui m’a contacté il à trois jours de cela »; «je cherche le Cameroun».  Si  l’appelé lui aussi avait la même manie, le tour est joué.

Des personnes que tu ignores et qui te confond à un autre t’appellent et te couvrent d’injures. Mais cela a diminué, depuis que l’Etat nigérien a obligé tous les abonnés téléphoniques à se faire identifier.  Beaucoup des utilisateurs mal intentionnés ont été épinglés par la police pour des plaintes d’autres utilisateurs. Ma voisine a été victime de cela. Une fille lui envoyait des messages très compromettants. Elle l’a qualifiait de pute. Elle l’a menaçait aussi qu’elle viendrait bientôt rejoindre son foyer entant que sa coépouse. Quand elle a saisi la police de l’affaire, la fille a été vite identifiée. C’est une élève qui fréquentait l’établissement où le mari de ma voisine était surveillant. Une coïncidence ou un complot ? Jusqu’ici personne ne connait ce qui s’est réellement passé. Peut être on ne le saura jamais, car la femme en question a été répudiée.

Moi je suis mauvais toujours en présentation. Le fait de m’appeler et ensuite m’imposer à décliner mon identité me fait le plus mal. Si tu ne me connais pas, tu veux faire quoi avec mon nom, mon lieu de résidence ?  Si je pouvais, je leur arracherai la langue.

On a  coutume de dire que quand les conditions changent, l’être humain est obligé de s’adapter ou de disparaître. Face à ces cas d’impolitesse, certains utilisateurs de téléphonie ont trouvé des solutions très simples. L’objectif est de faire peur à l’appelant en le décourageant à ne plus rappeler.  Si on pouvait au moins appliquer ces mêmes méthodes aux « brouteurs », c’est nouveaux escrocs d’internet. Quand un correspondant insiste, tu décroches et quand il demande c’est qui, il suffit de lui dire que c’est à la morgue qu’il appelle. Automatiquement il coupe le téléphone. Certains répondent que c’est l’hôpital. On a très peur de la maladie et de la mort. Pourtant c’est inévitable. Dans la société traditionnelle nigérienne, on respect les morts. On craint aussi des fantômes. D’autres parlent du commissariat ou du camp militaire. Les populations ont une mauvaise image des policiers et du commissariat, au point  qu’elles ne veulent plus entendre parler d’eux. La seule évocation de ces lieux vous donne la sueur au front. J’imagine que vous avez une fois assisté  au  châtiment exemplaire d’un malchanceux qui se met au travers du chemin d’un militaire. On  se passe même pour le commissaire ou le colonel. Cela te vaut des tas d’excuses et une promesse de ne jamais rappeler ton numéro. Il fallait voir la réaction d’un boutiquier qui cherchait à joindre son fournisseur de lait en poudre. En une semaine il a appelé la même personne 17 fois et à 17 reprises on lui répond qu’il s’est trompé de numéro. À la 18e fois, son interlocuteur lui affirme qu’il est ABubakar Shekau. Aussitôt il laissa tomber son appareil cellulaire. Son voisin d’en face qui observait la scène le demande  ce qui se passe ? Il dit : « je viens d’appeler Chekau le « président » de BOKO HARAM. Et si je  ne fais pas attention, la police risque de débarquer chez moi à tout moment ». Il demanda à un autre boutiquier de lui supprimer le numéro de son historique d’appel en plus des autres qui ne sont pas enregistrés sous aucun nom ou pseudonyme. Même si la blague est de mauvais goût, le petit commerçant a payé pour sa cupidité. Ne fait jamais à quelqu’un ce que tu ne veut pas ou qu’il ne veut pas.

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