Le faux pet du berger peulh

Article : Le faux pet du berger peulh
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20 mai 2016

Le faux pet du berger peulh

C’est une histoire vraie qui s’est passée entre le forgeron d’un village de Tahoua et un berger peulh. Le forgeron doit récupérer et garder avec lui une somme d’argent qui appartient au peulh suite à la vente d’une de ses vaches aux villageois.

Sa vache est malade. Elle est fatiguée. Elle ne peut pas aller jusqu’au sud, la destination finale des transhumants. Il décida de la vendre à la population du village. L’animal a été égorgé et la viande vendue à tous les chefs de ménages. Cette pratique est très courante dans les villages nigériens. On achète un animal (vache, taureau ou chameau) qu’on égorge. La viande est partagée en fonction des acheteurs connus d’avance. On fait des tas de morceaux que chacun ramasse en fonction du nombre de tas qu’il a soumissionné. Dans ce genre de situation, l’acheteur n’est pas obligé de payer sur place. Un délai est fixé au terme duquel chacun est tenu d’honorer son engagement. Parfois, ce délai peut aller jusqu’à la saison des récoltes, période pendant laquelle, même si on n’a pas l’argent liquide, on a de quoi vendre pour rembourser. La saison hivernale approchant, notre  berger doit obligatoirement regagner les zones de pâturages pour ne pas avoir des problèmes avec certains producteurs. Ainsi, il ne peut rester jusqu’au délai prévu pour son désintéressement. Il désigna alors son ami le forgeron pour le représenter et récupérer son argent.

Juste après le départ du peulh, l’argent a été remis au forgeron comme prévu. Quelques moi après, le berger revient sur ses pas. Il campe, comme à l’accoutumée, derrière le village avec ses animaux. Un matin, il décida de rendre visite à son ami, le forgeron en vue de récupérer son argent qui lui a été confié. Une fois au village, il part directement chez son ami. Il le trouva dans son atelier entrain de faire des petits travaux. Après les salutations d’usage, il fait boire de l’eau à son hôte. Ils s’emballent dans des discussions ; des sessions de questions/réponses. Le forgeron sait d’avance les raisons de la venue du peulh. Il ne lui dit rien de ce petit trésor qui lui a été confié. Quand le propriétaire réclame l’argent, il lui répond qu’il ne l’a pas encore récupéré. Il demande au peulh de lui accorder un petit  instant pour aller le faire. Il le laisse le peulh dans la forge. Quelque temps après, la fille du forgeron entre dans l’atelier. Elle s’assoit en face du peulh. C’est une vraie touche à tout. Elle fait des va-et-vient dans la forge. Elle s’approcha d’un gros marteau. Elle tente de le soulever quand un bruit éclata de son derrière. Elle vient de péter. Elle dévisage le peulh et lui dit : « Ton pet sens mauvais !». Très stupéfait il rétorque : « Mais, c’est toi qui l’as fait, pas moi ». Une discussion tendue s’engage entre elle et lui. Elle insiste : c’est le peulh qui a pété. Son papa, qui doit ramener l’argent, n’est pas encore revenu. De sa chambre, l’épouse du forgeron entend les chuchotements de sa fille et d’un homme. Elle sort et rentre dans la forge. Elle reconnaît le peulh qui est là. C’est l’ami de son époux. Après l’avoir salué comme il se doit, elle le demanda ce qui se passe. Le peulh raconte tout ce qui s’est passé. D’un sursaut, la fille se tourne vers sa maman et lui dit que le peulh n’a pas dit toute la vérité. C’est lui qui a pété. C’est parce qu’elle est une gamine qu’il veut lui faire porter le chapeau . Elle nie en bloc les propos tenus par l’hôte de son papa, qui reste sans voix. Le peulh sait bien que ce n’est pas lui qui a fait ce pet. La fille aussi le sait. Mais le malheureux n’a aucune preuve de son annonce.

La maman leur dit qu’elle peut retrouver le coupable. Sans connaître les conditions, les deux protagonistes acceptèrent cette médiation. Pour démasquer le coupable elle demanda à chacun d’eux de lui montrer son anus. C’est à travers ça qu’elle reconnaîtra de quel anus le pet est sorti. La fille accepta. Elle s’accroupit et retroussa son pagne jusqu’à la hanche. La maman examine son anus et dit que ce n’est pas de ce dernier que le pet est sorti. Pendant tout ce temps, la tête du peulh est baissée. Il ne peut pas regarder une telle obscénité. Maintenant la maman lui demande s’il est prêt à prouver son innocence. Il est dépassé par les événements. Comble de malheur, aucun client n’est  venu à la forge au moment de cet incident. Il n’y a personne pour l’aider à s’échapper des griffes de ces deux mesquines. Il refusa catégoriquement de faire baisser sa culotte pour qu’on examine son anus : surtout pas par une femme sédentaire. S’il le fait, il sait d’avance qu’il sera désigné comme responsable : sur deux accusés, le premier a déjà été lavé de tout soupçon. Ce qui est sûr ces deux femmes lui feront porter le chapeau. Si les siens apprennent cette nouvelle, il sera couvert de honte et sa famille n’aura aucun respect. Pour étouffer vite l’affaire, il dit à « la juge » qu’il ne veut plus de l’argent qu’il est venu chercher. D’ailleurs qu’elle dise à son mari de venir à son campement le soir pour prendre un bouc et faire de la viande.

Le peulh a été escroqué. Mais, la question que je me pose est la suivante : qui a donné cette idée d’observer le derrière des coupables ? Le forgeron, depuis qu’il est parti, n’est pas  revenu qu’à la fin de l’affaire. Pensez-vous que c’est lui qui a monté tout ce scénario ?

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Commentaires

DIAKITE
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Bonjour,
Je suis peulh et, comme cette histoire le prouve à suffisance, le forgeron est un margouillat. Un vrai.
D'ailleurs, au village, l'affirmer n'est pas une information. Tout ce qui est faux est forgeron.
Mais le forgeron et sa famille ne perdent rien pour attendre. On va leur jouer un de ces tours qu'ils ne sont pas près d'oublier