ASSOUMANE Habibou

Mon cri de coeur

Un citoyen lambda profondément préoccupé par la situation sociopolitique du Niger fait le constat suivant :

Sur le plan éducatif et énergétique

      la dégradation croissante du système éducatif nigérien, est née de l’incapacité de l’Etat à satisfaire les droits légitimes des enseignants, notamment les contractuels, les scolaires et étudiants  qui accusent des retards incessants dans le paiement des salaires, et pécules,  bourses  et aide sociale. Cela a failli compromettre  le calendrier d’examen du BEPC et du BEP cette année. A Tahoua, il a fallu que les enseignants contractuels menacent le payeur pour qu’il les paye un mois de leurs pécules.

Les délestages dans la fourniture d’électricité ont freiné une partie des examens (travaux pratiques) du BEP. Jusque là modérés, ils  ont pris des proportions dont l’ampleur est de nature à ruiner le tissu économique, et à paupériser toutes les couches socioprofessionnelles dont l’activité dépend de l’énergie électrique. Une solution définitive a été incapable de trouver malgré les sommes colossales investies dans le secteur et les promesses électorales. Le Nigéria qui est notre fournisseur d’électricité ne peut plus honorer ses engagements depuis plusieurs années.

Sur le plan alimentaire et sécuritaire

Les précipitations sont inégalement reparties dans le temps et dans  l’espèce au Niger. Jusqu’ici, il ya des localités où on n’a pas encore semé. Dans d’autres les fortes pluies ont provoqué des inondations occasionnant des pertes importantes.  Une année sur deux au Niger, il y a de la famine. Depuis maintenant deux ans, la saison de pluie coïncidait avec le carême, une situation qui ne permet pas aux agriculteurs de passer beaucoup de leur temps dans les champs. Et cela contribue pour certains à la baisse de rendement.

De l’autre côté, Boko Harma continue toujours les attaques sur le sol nigérien. Six attaques sont survenues depuis celle du village de Yébi en mai dernier dans la région de Diffa, notamment à Yébi, Kablewa, Bosso et Nguagam. Cette nébuleuse ne cesse de faire des victimes. Des familles sont endeuillées.  Des orphelins des veuves se comptent par centaines.

    La dégradation des conditions de vie des populations concernées par ce banditisme est sans précédent eu égard aux conditions climatiques de plus en plus menaçantes. Elles seront exposées aux problèmes de tout genre.

Sur le plan  migratoire

        Le Niger est un passage obligé des migrants. La ville d’Agadez constitue une plaque tournante des réseaux des passeurs. Du 6 au 12 juin 2016 trente quatre personnes dont  5 hommes, 9 femmes et 20 enfants tous des migrants ont trouvé la mort, dans leur tentative de traversée du désert en direction des pays voisins. Malgré ces risques, les candidats à l’immigration défient la mort. Ainsi, ce phénomène persiste et continue à prendre de l’ampleur.

L’assainissement annoncé par le président

Pour son 2e mandat, le président de la république a pris l’engagement ferme d’aller en guerre contre les pratiques corruptives sous toutes leurs formes. En cela à vue le jour l’opération dite « maiboulala ». Déjà l’opération a fait des victimes. Une vingtaine de personnes sont mises aux arrêts. Seulement, beaucoup ne croient pas aux réelles motivations d’une telle opération. Pour d’autres elle est faite pour juste étouffer ses adversaires politiques. Ainsi le vœu le plus cher de tous les Nigériens, que cette opération « mains propres » frappe sans discrimination tous auteurs d’actes incriminés.

L’insalubrité des centres urbains

  Le droit à un environnement sain et le droit à la santé, constituent des droits fondamentaux reconnus par la constitution au Niger. Mais nos centres urbains sont insalubres. Les municipalités sont incapables d’enlever les ordures qui gisaient dans les rues. En cette saison hivernale elles ont du pain sur la planche.

En conclusion, des mesures significatives pour l’amélioration des conditions des Nigériens doivent être prises pour une solution durable. Les autorités actuelles doivent redoubler d’effort pour mieux sécuriser les personnes et leurs biens et garantir leurs besoins essentiels. Le Niger nous appartient à nous tous. Chacun selon ses responsabilités doit travailler pour l’amélioration des choses.


Niger : L’autre visage des concours d’entrée à la fonction publique

Les magouilles, le clientélisme, le favoritisme et la corruption sont les maux qui entravent le bon fonctionnement des concours à l’entrée à la fonction publique au Niger.

Les dessous érigés en système, les mauvaises pratiques en politique sont entrain de bouleverser la vie des jeunes diplômés au Niger. Ils ont la ferme conviction, que cacher derrière le politique, constitue un tremplin pour accéder facilement à la fonction publique. Ils voient en cette dernière, une échappatoire, leur assurance vie, une protection maximale. En effet, les cas de licenciements (même pour faute grave) sont extrêmement rares chez les fonctionnaires de l’Etat. Grace au fonds de la retraire, leur régime est plus avantageux que celui du privé.  Un grand nombre de jeunes fraichement sorti de l’école partage cette idée. Ils passent ainsi le clair de leur temps à concocter des listes à transmettre au DG, au secrétaire général du parti à l’annonce de chaque concours de la fonction publique. C’est une occasion en or à ne pas rater pour tous ceux qui connaissent le réseau. Chez moi, les jeunes aiment sans nul doute la facilité. La précarité de l’emploi les pousse à embrasser certes tout genre de boulot, mais ils ont toujours les yeux rivés vers la fonction publique. Car ce n’est un secret pour personne, à la fin des études au Niger on doit nécessairement passer par le chômage. Rares sont ceux qui échappent à cette règle. Il est difficile d’avoir un emploi sûr, surtout à la fonction publique. Entrée à la fonction c’est une grande chance, c’est une garantie, un cheque en or pour la retraite me disait un grand frère. Elle nous permettra de sauver notre arrière une fois à la retraite. Cela dit les jeunes nigériens ont peur du secteur privé. Ils n’ont plus confiance à eux-mêmes aussi. Plus de 50% de la population nigérienne est constitué par les plus jeunes. Cette frange de la population est une proie facile pour toutes sortes d’idéologie. Ce qui fait au Niger, ils courent toujours  derrière les politiciens et non le contraire. Pourtant on doit croire au travail bien fait et sauvegarder ce qu’on a de plus précieux. Cette situation continue et continue encore à garder notre pays parmi les nations les plus corrompus de la planète.

Les non dit au concours à l’entrée de la fonction publique sont variés. L’histoire la plus récente a commencé pendant le concours du recrutement de 300 agents pour le compte du ministère de l’intérieur. A la surprise des candidats, 70 noms ont été frauduleusement ajouté à la liste des admis. C’est le Conseil des Ministres du vendredi 08 mai 2015, qui a décidé de son annulation après une communication faite par le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative. Cette mesure, apprend-on des sources proches du dossier, est prise pour mettre de l’ordre dans l’organisation et le déroulement desdits concours, mais aussi pour garantir les mêmes chances à tous les nigériens qui désirent accéder à la fonction publique. Il est en effet reproché à l’administration, dans le cadre de l’organisation des concours au Niger, des pratiques contraires à la bonne gouvernance qui ont pour noms, le favoritisme, le clientélisme, les passe-droits, la corruption, etc.  Cette décision a fait grincer  les dents parmi les candidats admis et a été même portée devant les tribunaux. Au moment où j’écris cet article les plaignants attendent impatiemment la décision de la justice qui sera connue d’ici peu. Un autre cas de fraude a été constaté pendant le concours de recrutement des agents de santé. Là aussi, les pratiques douteuses ont été semblables qu’au premier concours. Des noms ont été ajouté à la liste des admis. D’autres ont été radiés. C’est le deuxième  concours’ à être annulé en l’espace de six mois  par le gouvernement. Il concerne 1800 agents  de  santé pour le compte du ministère de la santé.  Car,  après  la  publication  des  listes  des  admis,  des  listes  pour  le  moins scandaleuses, des candidats qui n’ont pas composé ont eu, pour les uns, des notes parfois au dessus de la moyenne à entendre la partie gouvernementale, par la voix du procureur de la République.

 En cela, une enquête a été ouverte et des poursuites engagées contre des agents du ministère de la fonction publique dont le directeur général de la fonction publique et le directeur du recrutement. Des proches du président de la république sont à tord ou a raison, accusé d’avoir contribué à cette mascarade.

Des journaux ont fait couler beaucoup d’encre et on même fait savoir que l’une des femmes du président est impliquée. La corruption est devenue un cheval de bétail de tous les gouvernements qui se sont succédé au Niger. Seulement le réseau devient de plus organisé et diversifié au point d’échapper à la vigilance des structures mises au point pour les combattre. La conséquence que cela a sérieusement entaché l’image du fonctionnaire nigérien. Le pays perdra aussi son assurance et sa crédibilité au sein du concert des nations. C’est une situation qu’on doit très vite réparer.

La justice doit également d’investiguer sur les pratiques douteuses lors des concours au Niger. Tout le pays était pris de passion à l’annonce du président de l’opération main propres appelée MAI BOULALA. Mais ne crions vite pas victoire. Wait and see !


Un papa stérile

«  Quelque soit la durée d’un tronc d’arbre dans l’eau, il ne se transformera jamais en caïman ». Voici l’histoire d’un taxi dont l’épouse avait trompé pendant 16 ans.

C’était un taximan dénommé Dan Kumaru. Il vit paisiblement avec sa femme et ses trois enfants à la capitale depuis maintenant 35 ans. Avant de devenir conducteur de taxi, il était cuisinier dans un restaurant togolais. Un incident l’a opposé avec sa patronne et il a préféré jeter le tablier. Il a été ensuite récupéré par l’un  de leurs anciens clients qui lui a payé le premier taxi. Il verserait 7 000 F FCA par jour. En 5 ans, il a pu rembourser, Elhadj. Le véhicule lui appartient désormais.  Il fait plus de 10 heures de travail par jour. Il a commencé à se fatigué.  Il se propose désormais avoir quelqu’un qui doit le relever pendant ses heures pauses. En principe le remplaçant doit commencer la semaine même. Mais pour certaines raisons, il n’a pas répondu au rendez-vous. Il quitte la maison toujours après la prière de soubouh pour revenir à 14 heures ou 15 heures. A 17 heures piles, il retourne en ville pour descendre à 22 heures.

Ce matin il n’est pas sorti tôt comme d’habitude. Son taxi a passé la nuit au garage pour un problème de frein. A 10 heures, il est parti voir le mécanicien. Il n’a pas encore fini. Il doit encore l’attendre. A 11 :30, son taxi est prêt. A la sortie du garage, deux femmes voilées lui font signe. L’une a un sac et l’autre a entre les mains un carton de savon communément appelé « lavibelle ». Avant qu’il ne descende pour ranger leurs bagages dans le coffre, elles ont déjà pris place dans le taxi avec leurs effets. Elles le demandent de les déposées aux alentours du grand marché. Il a été payé avant la fin de la course. Une fois qu’elles ont quitté le taxi, une autre équipe de 4 personnes lui demande de les acheminé au centre islamique. Il est déjà plein. A son retour,  il prend 3 étudiants qui veulent descendre au 2E pond. Au prochain virage, il prend autre passager qui lui veut aller au commissariat central. Les étudiants sont arrivés à destination. Il ne lui reste qu’un seul passager. C’est un policier. Il travaille au commissariat central. Il se gare bien, pour ne pas être en infraction. Quand le Monsieur descend, il fait remarquer au chauffeur que ses précédents passagers ont oublié leur carton de savon. Il revient au 2e pont. Les étudiants sont déjà rentrés à la rive droite. Il stationne sont véhicule après le feu rouge. Il regarde par ci par là, s’il peut apercevoir les deux passagers. Deux policiers qui contrôlaient la circulation le dévisageaient de l’autre côté. En ce temps d’insécurité, on doit faire attention à tout le monde : toute personne peut être suspecte. Il ouvre la portière et fait sortir le coli. Avant de le déposé par terre, le carton se déchire et un cadavre de bébé tomba. Les autres piétons crièrent : voleurs d’enfants. Avant que les deux policiers  viennent le mettre aux arrêts certains ont commencé à le frapper. Je n’ai rien fait s’exclama t-il. Ce n’est pas mon carton. Je cherchais les passagers qui l’ont oublié dans mon taxi. Affirme t-il aux deux policiers. Qui peut le croire ? Il est venu le jeté dans le fleuve ! Accusent deux femmes vendeuses de jus local.

Il est vite ramener au commissariat. Il jure sur le nom de tous les dieux, mais personne ne veut le croire. Il affirme, qu’il a 3 enfants, pourquoi pourrait-il faire du mal à un autre? Les policiers conclurent qu’il a tué donc un de ses enfants pour le fétichisme. Pour cela, une équipe  a été dépêchée chez lui pour vérifier la véracité de ses dires. Il a été mis derrière le véhicule des policiers. Arrivé chez lui, on demande à sa femme de montrer ses enfants.  Heureusement ils sont tous présents. C’était les vacances. Ses voisins se posent la question : qu’a –il  fait pour que les  policiers le talonnent ainsi ? a-t-il fait un accident grave ? Dan Kumaru  n’a tué aucun de ses enfants. Cette piste est vite abandonnée provisoirement. Cependant, il  a été pris en flagrant délit de possession illégale de cadavre. Aucune de ses connaissances ne peut le faire sortir vue les charges qui sont tenues contre lui surtout par crainte d’être accusé de complicité. Un député a tout fait, mais en vain.

Si ce n’est pas son enfant, à qui pourrait-il appartenir ? Je ne peux pas le savoir répond t-il aux policiers. Mais il doit appartenir à l’un des mes clients à qui j’ai fais la course ce matin. Il est sorti avec beaucoup de chance. Il a fait beaucoup de course au point de ne plus se souvenir d’où et où il s’était rendu. L’étau  se resserre contrent lui. Son délai de garde à vue est presque épuisé. Dan Kumaru  doit être présenté au juge. Avant de le déférer au tribunal, un policier conseilla qu’on lui fasse un test de paternité, pour voir si réellement l’enfant ne lui appartient pas. La décision lui fut communiquée. Il n’a pas de choix, il ne peut qu’accepter. Lui qui veut coûte que coûte quitter ces lieux.

 C’était un mercredi. Il fut ramené au Centre Hospitalier Universitaire de Harobanda. On lui fait quelques prélèvements au laboratoire. Le test durera 48 heures. Il ne peut être relâché avant ce délai. Le vendredi, le CHU a renvoyé au commissariat les résultats du test. L’enfant n’est pas de Dan Kumaru. En plus et à  la grande surprise de tous, le test révèle autre chose : notre taximan est stérile et séropositif. Alors à qui appartient les trois enfants qu’il a fait 16 ans entrain de nourrir ? 3 fois, il a organisé des baptêmes et a sacrifié des moutons pour rien ? Le test vient de le disculpé. Pourtant il vient encore lui poser un autre fardeau. Il a été relâché du commissariat après 6 jours consécutifs de détention. Chaque jour pendant ce court séjour, sa famille lui rendait visite. Gagné par le découragement, c’est elle même qui lui remontait le moral. A midi quand elle fini de préparer à manger, elle lui amène sa part au commissariat. Elle reste jusqu’au soir. Pendant ce temps, sa fille à la maison  prépare le dîner. La nuit aussi, elle revient avec les enfants. Toute sa  famille est optimiste. Ils sont sûrs de son innocence.

Son épouse était présente quand le médecin, a révélé le  contenu du test qui disculpa son mari et la condamna à son tour. Ils sont revenus ensemble du commissariat dans le même taxi. Mais personne n’a dit un mot pendant le trajet : un silence de mort. Si seulement ce test n’a que prouvé son incapacité à donner des enfants, pas autre chose, monologue t-il. A la maison, la situation tourne au règlement de compte entre lui et sa femme. Il commença à lui ramasser ses clics et clacs et les jette dehors. Dan Kumaru commence à crier à voix haute, ce qui attira l’attention des voisins et de quelques curieux.  Sa femme ne trouve rien à dire. On tente à le consoler. Il est furieux, il ne veut écouter personne. Jamais, il n’a été dans cet état. Lui qui a géré des clients plus capricieuses, ne s’est jamais emporté de la sorte. Sa propre femme vient de signer son arrêt de mort. Après l’avoir trompé pendant 16 ans, elle le contamine d’une maladie incurable. A lui maintenant, le rejet et la stigmatisation.

Ce sont ses voisins, le boucher et un blanchisseur qui font la cour à sa femme pendant son absence. Ils sont les pères légitimes des enfants que le taximan pensait être les sien.  Le boucher est séropositif. Tout le quartier est au courant. Il a été dépisté positif, le mois passé et est sous traitement des Anti Retro Viraux (ARV). Il s’est marié à quatre femmes. Mais aujourd’hui, elles sont toutes décédées de la même maladie. Probablement ce n’est pas Dan Kumaru qui est dans la tourmente. Le blanchisseur pourrait aussi être porteur du virus. Car ils ont partagé le même fruit pendant des années.


Une mère droguée et enceintée par son fils

 L’inceste ou l’adultère c’est comme la boxe, ça a toujours des séquelles. Après l’histoire du pantalon perdu, voici une autre, très pathétique. Elle concerne une mère  et son fils. Très choyé, ce dernier a échappé à tout contrôle. Un jour, à sa grande surprise, elle tomba enceinte de lui.

Gambo faisait partie des ces nombreux Nigériens dont  la scolarité a été un échec ou/et de courte durée. Il a repris au moins deux fois le cours moyen 2.  A l’école, il séchait toujours les cours pour une partie de chasse et de cueillette entraînant avec lui d’autres élèves peu soucieux de leur avenir comme lui. Ses parents l’aimaient trop. Cet amour peut-être considéré d’excessive. « N’a-t-on pas dit, l’excès de tout est nuisible ? » Il est très choyé. Personne dans la famille n’ose porter la main sur lui. C’est le petit prince de la famille. Il a plus de 30 ans mais, c’est toujours un « bébé ». Son papa est originaire du Ghana. Il s’est installé dans le village depuis plusieurs années. C’est lui qui recollait tous les sceaux en plastiques cassés de celui qui ne veut pas s’en débarrasser ou acheter un autre. C’est un cordonnier.  Dan Gana (fils du Ghana ou Ghanéen), c’est le surnom par lequel tout le monde l’appelait. La nuit, il vent du thé au lait et des omelettes dans un hangar qu’il a aménagé pour la circonstance, à l’entrée du marché. Pendant la saison des cultures, il s’investit pleinement, mieux que d’autres agricultures, dans le champ que lui a offert le chef du village. Mais celui-ci a été repris par les héritiers, juste après le décès du chef. Dan Gana, a conquis le cœur de tous les villageois, par sa sagesse, son honnêteté et ses bonnes manières. Il s’est  converti en islam et a très vite embrassé la polygamie. Selon les rumeurs, il a même été circoncis par l’un des plus redoutables coiffeurs du village.

Un jour, il tomba malade. Il souffre d’un palu aigu, explique l’infirmière de la case de santé de son village. Après quelques jours de convalescence, il rendit l’âme. Gambo est son unique fils garçon. Il est aussi le fils unique de sa maman. Toutes ses demi-sœurs sont mariées soit dans leur village ou dans les villages environnants. Après le décès de son père, c’est à lui que revient maintenant la charge de la famille. A sa mort Dan Gana n’a pas laissé grand-chose.  Gambo très complexé ne veut pas faire le cordonnier ou vendre les omelettes. Il décida d’aller en exode. Sa maman le supplia d’aller au Ghana où il aura la chance au moins de rencontrer ces grands parents. De son vivant, Dan Gana a donné à sa famille tous les renseignements nécessaires lui permettant de retrouver ses parents au Ghana. Gambo a plus de penchant pour la  Lybie que pour le Ghana. C’était avant la crise libyenne. Sa famille ne peut rien lui refuser. Elle accepte son choix. Là-bas, il s’installa chez son cousin maternel qui, lui, est manœuvre dans un hôpital privé à Bengazi. Avant qu’on lui trouve un boulot, la crise libyenne a éclaté. Rien ne va plus au pays. En plus, sa marâtre ici au village vient de décéder d’une tumeur à la gorge. Il doit nécessairement revenir au Niger. Le cousin prépara tout le nécessaire pour leur retour. Lui, il n’a même pas commencé à travailler. Donc il ne peut rien avoir. Comme on dit, « il est juste allé pour boire la sauce rouge ». Arrivé à Agadez, il leur a fallu vendre certains de leurs articles pour pouvoir regagner le village. Ils sont presque revenus bredouilles. Pour sa mère, le fait même qu’ils soient rentrés sains et saufs est une grande chance et une bénédiction. C’est une grande croyante et pratiquante.

Depuis son départ, elle a adhéré à un groupement féminin. Grâce à l’argent de la tontine, elle monte un commerce de galettes devant la concession. Mais depuis le retour de Gambo, elle ne peut rien épargner. Il lui prend tout ce qu’elle gagne. Chaque nuit, il rassemble ses camardes chez sa maman pour faire la fada. Gambo est un vrai baratineur .Il monopolise toujours la parole dans un groupe. Il veut qu’on l’écoute lui et rien que lui seul. Ses amis le surnomme la pie. Mais pour sa grand-mère, « s’il est un poste radio, il ne sera pas économique, car il consommera beaucoup d’énergie » .C’est lui-même qui prépare le thé et le distribue à tous ceux qui sont présents à sa fada. Il a réservé un verre spécial pour sa maman. Elle seule peut le toucher. C’est le seul cadeau qu’il lui rapporté de l’exode. Elle est toujours la première servie dans ce verre spécial.  C’est elle d’ailleurs qui finance tout. Mais dès qu’elle prend ce thé, elle s’en dort automatiquement et c’est la fin de la causerie. Il n’a pas de chambre à lui seul.  Il dort chez sa maman sur un vieux matelas qu’il a aussi extorqué à son cousin. Quand tout le monde part, il fait rentrée sa maman dans la chambre. Il la porte sur ses épaules, car elle ne pet pas marcher d’elle-même. Une fois à l’intérieur il la déshabille et lui passe dessous. Dans son verre, Gambo mettait des somnifères, raison pour laquelle, elle s’endort vite. Au réveil le matin, elle remarque des traces de spermes sur son corps. Très étonnant ! Elle sait qu’elle n’a pas fait de rêves érotiques et elle n’était pas comme ça avant la nuit. Des jours, des semaines passèrent, et c’est toujours la même chose. Chaque nuit il droguait sa propre maman pour enfin coucher avec elle. Gambo n’a vraiment pas de pitié. Un bon fils doit de dire bonjour à sa maman. Au réveil, il part rejoindre ses salauds d’amis pour fumer de la marikhwana. Il passe tout son temps dehors avec ses amis. Il ne revient chez sa maman que pour manger et repartir encore. Au cas où ils ne trouvent pour fumer, ils préparent des décoctions spéciales à base d’excréments d’oiseaux mélangés  avec d’autres comprimés. Il n’y a pas une journée où lui et sa bande sont normaux. Ils sont toujours ivres.

Plusieurs jours se sont écoulés. La maman de Gambo est désormais face à une impasse. Elle  n’a pas vu ses règles pendant 2 semaines. Ses inquiétudes deviennent de plus en plus préoccupantes. Elle se confia à une amie. Elle lui relatait les faits de fond en comble. Elle conclut qu’elle à « un mari de nuit ». Pour cela, elles demandent les services d’un marabout spécialisé dans la chasse des génies. Sans trop prendre de temps, il rend son verdict : « madame vous n’êtes pas possédée ». Ceci est l’œuvre d’un être humain (proche de vous) sans trop donné de détails ajoute t-il. Il les conseilla en fin  de chercher les causes du sommeil subit et profond d’abord. Tout peut  se cache derrière. En cela, son amie lui demande de se passer du thé de ce soir. Cependant, si elle refuse, de le boire, c’est un autre problème encore. Son fils pourrait ne pas être content. Comme d’habitude, tous les membres de la fada sont présents. Chacun ne voulait pas se faire raconter les histoires de bravoures de Gambo pendant son court séjour en Lybie : ses récits tournent toujours autour des bagarres avec des arabes. Pourtant il n’était même pas sorti de chez son cousin plus de 6 fois.  Le premier round du thé est fini. Comme d’habitude, il sert sa maman en premier. Elle fait semblant de boire, mais elle garda tout dans sa bouche. Peu de temps après, elle va aux toilettes et le cracha. Elle rinça sa bouche pour être certaine de ne rien avaler de ce maudit liquide qui risque probablement à jamais de ternir son image et celle de sa famille. Elle revient après rejoindre le groupe. Elle ne s’endort pas. Plus d’une heure après, elle est toujours éveillée. Mais le bruit que fait le groupe, lui donne des céphalées. Elle rentre d’elle-même dans la chambre parce qu’il fait froid ce jour. Gambo fixa sa mère jusqu’à ce qu’elle disparait. Il reste muet. Il ne soupçonne rien encore. Lui qui est à moitié et aussi entouré par des flatteurs n’a pas un esprit de discernement. 10 minutes plus tard, il « lève la séance ». Il reste nettoyer les verres (pour la première fois) avant d’aller rejoindre « sa femme ». Depuis la chambre, elle entend tout ce qui se passe dehors. Sur les conseils de son amie et du marabout, elle ne ferma pas l’œil. Gambo rentre dans la chambre. Il referma la porte avec un lit en bois. Il a des mauvais pressentiments. Il laissa tomber maladroitement l’assiette qui contient les outils du thé pour s’assurer que sa maman dort. Il fait d’autres bruits pour toujours la réveiller mais elle résiste. Elle ne fait aucun mouvement qui risque de tirer l’attention de son enfant. Elle a besoin de voir claire dans cette situation.

Il ôta sa chemise d’abord, la jeta sur le matelas et se dirige vers le lit de maman. Cette dernière l’observait attentivement. Elle est couchée sur le flanc droit. Il l’a redressa ventre en l’air et commença à lui défaire son pagne qu’elle a pris soin de bien attacher ce soir-là. Il ne réussit pas à le lui enlever. Il commença à le retrousser quand subitement elle alluma sa lampe torche qu’elle avait sous l’oreiller. Il voulait s’enfuir mais elle le tient par la ceinture. Elle lui braqua la lampe sur le visage et dit « mon fils c’est toi qui me fait ça ? » il ne dit aucun mot. Quand elle le relâche, il sort de la chambre en courant. Il quitta le village cette nuit même. Il dormit dans la brousse sur une branche d’un gros arbre. Cette nuit a été la nuit la plus longue pour sa maman. Elle n’a pas pu dormir. Elle ne fait que pleurer jusqu’au petit matin. A 10 heures son amie est venue lui rendre visite. Elle est toujours dans sa chambre. Il a fallu qu’elle entre pour la supplier de sortir. Elle ne fait que pleurer. Sans dire un mot, elle sort de la concession et se dirige vers la maison de sa mère. Son  amie la suit derrière. Toujours elle refuse de lui dire pourquoi elle pleure. Pendant trois jours la maman de Gambo, ne fait que verser des larmes. Elle refuse de dire à quiconque ce qui s’est passé. En ce moment son fils et « mari nocturne » se trouvait dans une ville a plus de 250 km de son village. Il a élu refuge dans une maison close. Il passa trois jours dans la chambre d’une pute. Le quatrième jour, elle lui demanda de payer sa facture. A cause de lui, elle a rejeté tous ces clients. Le pauvre n’a aucun franc sur lui. Il commence à vociférer et tente de sortir. Elle le prend par la chemise et dit « où est mon argent ? ». Il se tourna vers elle, et lui colla une gifle. Mauvaise réponse ! Tous les pensionnaires de la maison se rouent sur lui. Ça devient une vraie bagarre. La police a été vite saisie. Gambo fut amené au commissariat. Il est accusé d’attaque à domicile et coups. Il purgea une peine de 3 mois avec sursit.

Au village, sa maman est enceinte de six mois. Tout le monde se pose la question : qui est l’auteur de cette grossesse ? La maman de Gambo, n’a jamais couché avec un autre homme avant et après son mariage. Les parents et les connaissances sont fiers d’elle. Dans tout le village, personne ne doute de sa bonne moralité et de sa franchise.  Les sages et les notables du village n’ont pas réussi à la convaincre de dévoiler celui qui l’a engrossée. D’ailleurs à chaque fois qu’on lui pose la question, elle ne fait que pleurer. Les jours passent, la mère de Gambo s’enfonce davantage dans le chagrin et la tristesse. Elle a tout fait pour se débarrasser du fœtus mais sans succès. Une nuit, les signes précurseurs de l’accouchement commencèrent à se manifester chez elle. Elle dit à sa mère qu’elle veut aller derrière le village pour se soulager. Dans les zones rurales nigériennes, les populations n’ont pas de WC. Derrière un buisson, elle donna naissance à une petite fille. Au moment où elle doit manifester sa joie d’avoir son 2e enfant, elle ne ressent que le remord et la désolation. Cet enfant est pour elle une honte, une malédiction. Elle ne peut pas la porter sur son dos : est-elle sa fille ou sa petite fille ? Elle ne veut pas être la risée du village. D’un seul geste, elle lui tord le coup. Elle l’a jeta ensuite dans un puits abandonné dans les jardins et revient chez elle comme si de rien n’était. Toute la journée, elle est restée dans la chambre. C’est dans l’après midi quand sa maman insistait pour qu’elle sorte faire les ablutions de la prière de Asr qu’elle constate que sa fille n’a plus sa grossesse. Stupéfaite, elle commença à se poser des questions ? Que s’est-il passé avec la grossesse de ma fille ? A-t-elle accouché ? Dans ce cas où est l’enfant ? Elle la rejoint dans la chambre avant même qu’elle ne commence la prière. Chère grande, ta fille n’est plus en situation de prier ! Très furieuse, elle dit « qu’as-tu fais de ta grossesse ?  Elle ne répond pas. Elle lui repose la même question encore, jusqu’à trois fois. Elle ne dit plus rien et va juste s’assoir au bord du lit. La grand-mère de Gambo sort de la chambre et va raconter tout à son mari, qui à son tour est allé informer le chef du village de ce qui se passe dans son foyer. Pure hasard ou juste une coïncidence, ce jour le chef du canton est arrivé dans le village pour la collecte d’impôts. Il est saisi de l’affaire. Il  autorisa les gendarmes qui sont avec lui d’interpeller la mère de Gambo. Elle fût arrêtée et déférée en prison. Elle est accusée d’infanticide. Au même moment Gambo a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme pour coups et blessures suite à une autre bagarre cette fois, dans un bar (il a déjà un sursit). Il aurait en plus craché sur un porteur de tenue qui voulait mettre fin à la dispute.

C’est lors de son jugement seulement qu’elle a exposé les faits comme ils se sont déroulés.  Son propre fils est l’auteur de sa grossesse. Son propre sang l’a conduite au meurtre et l’a envoyé en prison aussi. Son seul  héritier a gâché son avenir et le sien.

Chez moi on dit : « si tu ne fais pas pleurer ton enfant, un jour c’est lui qui te fera pleurer ».  On doit aimer nos enfants, mais pas jusqu’au point où, ils échapperont à nos contrôles. Je me demande si après tout s’est qui s’est passé, la maman de Gambo soutiendra à fond la politique de l’enfant unique.


Donne-moi mon pantalon !

Des responsables qui couchent avec les  femmes de leurs subordonnés sont nombreux. Les masques de beaucoup d’entre eux sont tombés. Voici l’histoire de Sani, sa femme et son patron. Ceci est un récit tiré d’une histoire vraie. Mais, tous les personnage de cette histoire sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n’est que pure coïncidence.

Sani Komando fait partie de ces fonctionnaires aux comportements exemplaires. Il travaille dans une ONG internationale. C’est le responsable du suivi et de l’évaluation. Il  a un salaire confortable qui lui permet de se prendre en charge et même  de s’occuper de la famille au village.

Il s’est marié à l’âge de 19 ans pour divorcer 3 ans après. Il  s’est remarié le mois passé après 20 ans de célibat. Pourquoi a-t-il pris tout ce temps ? Grâce à son travail, il menait pourtant une vie de pacha. Dans tous les quartiers où il a vécu, il entretenait des filles. A cause de sa situation matrimoniale et de son comportement,  son précédent bailleur l’a chassé de sa maison. C’est d’ailleurs pourquoi il s’est remarié sous la pression de ses parents, de ses amis et de ses collègues de travail. Dans ma ville, avant de trouver une maison à louer, tu dois satisfaire à une condition : être marié. Au nom de la religion, les propriétaires de maison préfèrent que ça soit un marié qui habite leur maison. Selon eux, le célibataire est un fornicateur. Il pourra avoir une « sorte de commission » sur les péchés qu’il commettrait dans la maison. Quelle idéologie ! Mais ce principe ne s’applique qu’aux nationaux. Les travailleurs expatriés ne rencontrent pas ce genre de problème. Surtout si c’est un blanc. Il peut amener autant de filles qu’il veut dans la maison. Inviter ses amis pour boire de l’alcool. Qu’il soit gai ou travesti, il trouvera une maison facilement. Ce sont les mauvais voisins qui font des commérages sur les comportements du locataire. Une fois que ça tombe dans les oreilles du propriétaire, tu es chassé sans préavis. Mais, pour le blanc ou l’expatrié, il ne lève même pas son petit doigt. Pourquoi ce favoritisme ?

Sani Komando a eu une nouvelle maison à quelques pas de son lieu de travail. Il s’est marié avec une enseignante venue de Diffa. Elle s’appelle Inissafa. Selon les rumeurs, elle a fui l’insécurité qui sévit dans la région. Mais en vérité, son époux alcoolique la violentait, elle et sa fille, quand il était sous l’effet de la drogue. Elle s’est installée à Tahoua chez une tante qui lui a facilement trouvé un poste dans une école primaire dans la commune. Il a fait sa connaissance au trésor pendant qu’il rendait visite à son ami qui travaille là-bas. Ils ont commencé à se voir en cachette. A plusieurs reprises, ils étaient allés au restaurant ensemble. Le mari de sa tante n’accepte sous aucun prétexte qu’un homme rentre chez lui pour discuter avec ses propres filles. Le jour où il te surprendra, il te demandera d’amener ta dote si réellement tu aimes la fille, et dans le cas contraire, de ne plus revenir.

 Trois (3) semaines se sont écoulées. Tout le quartier est au courant de la relation de Sani et de Inissafa. Connaissant son tuteur, Inissafa proposa à Sani Komando de se marier. Pour fuir le sujet, il rétorqua qu’il n’a pas d’argent pour la dote. Inissafa est une très jolie femme. C’est une peulh. Personne ne peut résister à son charme. Sani est acculé. Il n’a pas de choix. Il a dit oui sans hésitation. Surtout, elle lui a dit d’amener ce qu’il pouvait pour la dote. Inissafa ne s’est pas montrée gourmande. Est-elle vraiment sincère ? Ou bien veut-elle seulement trouver un mari ? Ils se sont mariés de la façon la plus modeste. Tout le monde parlait de la parfaite organisation qui a caractérisé leurs fiançailles et leur mariage. Toute la ville cite leur mariage en exemple des unions bien réussies.

 Après deux semaines d’union sacrée, Sani n’a pas encore consommé son mariage. Il n’a jamais couché avec Inissafa. Ceci est une situation inattendue pour la nouvelle mariée. Elle qui a fait le sermon de le rendre heureux, la voilà en face d’un mari dont le « bijou familial » ne vaut rien. Comme explication, il se cache derrière une forme hémorroïdaire très compliquée qui lui empêche de bien mener une activité sexuelle. Il lui confia que s’il réussit son traitement, il répondra à toutes ses exigences. Et pour la calmer, il lui parla des ses anciens exploits sexuels. Il ajouta que toutes les femmes qui ont couché avec lui, l’ont supplié de le refaire. En vérité notre suivi évaluation ne souffre d’aucune forme d’hémorroïde. Il n’a jamais couché avec une femme. C’est un impuissant. Cela est arrivé quand il était élève. Lors d’une manifestation estudiantine, il n’a pas pu échapper aux policiers qui les poursuivaient. Il a été pris avec certains de ses camarades et conduits au commissariat. Il a reçu un coup fatal de matraque entre les jambes. Dès lors il a perdu l’usage exclusif de son sexe. Il a été évacué dans un centre de soins intensifs. Il y est resté plusieurs jours, mais il n’a jamais voulu dire à personne ce qui lui est arrivé vraiment.

Il s’est marié en premier lieu avec la fille de son oncle. C’était un mariage arrangé, comme tous les mariages dans les zones rurales du Niger. Celle-ci était restée avec lui pendant trois ans, malgré son handicap. Un jour, il réalisa lui-même qu’il n’était pas juste vis-à-vis d’elle. Il lui demanda de rentrer au village. Elle non plus n’a jamais révélé son état de santé à personne. Il ne s’est jamais remarié avant de rencontrer Inissafa. Il entretenait des filles juste pour masquer son invalidité.

Quatre semaines après, Sani n’est pas encore guéri. Un, jour son patron lui rendit visite, car il était absent lors du mariage. Il resta dehors sous le balcon. Sani insista pour qu’il rentre à l’intérieur. Il était 20 heures, presque l’heure du dîner en Afrique. Sani partageait son plat avec le coordinateur. Inissafa était dans son coin, toute muette et pensante. Son mari lui demanda ce qui se passait. Elle ne répondit pas. Mais son patron a vite compris que rien n’allait au sein du couple « exemplaire ».

Un jour, elle est sortie pour aller payer du sucre pour une tisane qu’elle préparait chaque soir à son mari. Chez l’épicier du quartier, elle trouva le patron de son mari qui sirotait un coca et fumait sa cigarette. Il commença à la taquiner. Il l’accompagna même jusqu’à sa maison. Sani était en mission dans l’Azawak. Il supervisait une enquête sur les ménages vulnérables dans leur zone d’intervention. Mais il devait rentrer le soir même. En cours de route, le coordinateur lui refait la même remarque que lui a faite son mari le jour de son passage chez eux. Elle ne veut rien dire mais il insiste. En cas de problème, il est parfois bon de se confier à quelqu’un. Inissafa se confia au coordinateur. Il salua son courage et son honnêteté puis la conseilla d’être encore plus patiente. Il se pourrait que bientôt son mari retrouve sa santé. Elle le remercia de ses sages conseils. Avant de prendre congé d’elle, il lui offrit en cadeau un billet de 10.000 F CFA, chose qu’il n’avait pas faite lors de sa visite. A 19 heures, Sani est rentré de sa mission. En plus de la tisane, sa femme lui a préparé une tête de mouton toute entière pour fêter son retour. Mais elle ne lui dit rien de son petit entretien avec le coordinateur. Trois jours après son arrivée, une équipe de supervision est venue de Niamey. Il doit, lui et son coordinateur, être obligatoirement avec eux sur le terrain. Malade, le coordinateur n’est pas parti sur le terrain comme prévu. Après la dernière prière de la journée, il fait du jogging. Par hasard, il passe devant la maison de Sani. Après quelques hésitations, il frappe à la porte. On l’autorise à rentrer. Il est en tenue de sport et transpire de sueur. Il s’assoit sur le canapé et la femme de Sani lui offre une boisson pour étancher sa soif. C’est un jus qu’il lui a envoyé juste après le départ de Sani. Ils commencèrent à parler du tout et du rien. Il lui demande si la situation de son mari a évolué. Le coordinateur est connu dans le quartier comme un coureur de jupon. Ces copines et maîtresses dans tous les quartiers ou établissements scolaires se comptent par dizaines. C’est un obsédé sexuel. Il a connu pas mal de démêlés avec la justice.

Il continue à apprécier Inissafa. Tu es belle ! Si tu étais ma femme, je serai l’homme le plus  heureux de ce monde ! Patati patata… Des choses pour attirer son attention. Trois mois de mariage et un mari impuissant, il y a de quoi s’inquiéter pour une femme. On peut aussi facilement céder à la tentation. Le coordinateur commence à s’approcher de Inissafa. Il commence à caresser ses doigts. Elle tente de l’empêcher mais hélas. Il commence à l’embrasser et lui donnait des baisers sur la joue, sur le front puis directement sur la bouche. Elle se laisse faire. Elle vit seule dans la concession. Sa seule fille a été reprise par son papa. Sani n’a pas voulu lui amener du village l’un de ses petits frères pour lui tenir compagnie pendant son absence, car il voyage beaucoup. Notre coordinateur connaît tous ces détails. Il sait que le champ est libre, rien ne peut l’inquiéter. Quand les choses commencent à se préciser, elle lui recommande d’aller dans la chambre principale. Il ôte son pantalon en sous-vêtement qu’il laissa maladroitement au salon et la suis jusqu’à la chambre. Certains responsables sont sans vergogne et imprudents. Après avoir accompli son forfait, il est resté dans la chambre pour un peu récupérer, disait-il à Inissafa. En ce moment Sani est au bureau. Il ne doit pas revenir avant 2 jours. Mais une équipe des enquêteurs manquait de questionnaires. C’est pourquoi il est revenu pour imprimer la quantité suffisante. Il les a rangés dans un carton et ordonné au chauffeur de les mettre dans le véhicule. Comme ça ils pourraient partir le lendemain matin très tôt. D’habitude, Sani appelle sa femme s’il revient d’une mission. Ce jour il n’a pas pu le faire. Son téléphone et celui du chauffeur étaient déchargés. Arrivé chez lui, il trouve le portail ouvert, chose inhabituelle. Il rentre sans faire de bruit, en refermant automatiquement le portail derrière lui. Sous le balcon et le salon, il n’y a personne. Il se dirige vers leur chambre, d’où viennent des petits bruits. Quand il ouvre la porte, il trouve son patron avec sa femme couchés ensemble. Il n’en revient pas. Il referme la porte et revient vite au salon. Peu de temps après, le patron arrive au salon portant une petite culotte. Inissafa les rejoint après sans foulard.

Le coordinateur, sans dire un mot, se dirige vers la porte de sortie. Sani l’interpelle : où  vas-tu ? Il lui dit ensuite, il faut au moins la payer ! De répondre, il affirme « je n’ai pas d’argent  sur moi ». Sani insiste. Il fouille sa culotte et sort une pièce de 100 francs. Voilà ce que j’ai, dit le coordinateur. Donne-lui ça, répond Sani. Il s’approche d’elle et lui tend la pièce. Elle ne la prend pas. Elle reste debout, en sanglot. Il dépose la pièce sur la table et sort, oubliant son pantalon. Sani part prendre son bain et revient passer la nuit au salon. Il ne dit rien à Inissafa sur ce qu’il vient de voir. Demain matin, il retourne en brousse comme si de rien n’était. A son retour, il ne manifeste toujours aucun changement à son égard. Mais les 100 francs sont toujours sur la table.

Des jours se sont écoulés après les événements. La tension et la méfiance entre Sani et son patron deviennent vives. Ce dernier réclame sans vergogne son pantalon auprès de Sani, qui affirme ne rien comprendre de ce dont l’accuse le coordinateur. Dans cet habit, il y a son passeport, ses cellulaires et d’autres objets de valeur. A chaque fois qu’il voit Sani, il lui dit : donne-moi mon pantalon. Il le trouve dans son bureau, à la fada, toujours c’est : donne-moi mon pantalon ! Cette phrase est devenue une manie pour lui. Mais enfin, quand il commence à menacer Sani de licenciement., la nouvelle éclate au grand jour. De l’autre côté, Inissafa était chez sa tante. A la descente, Sani est parti pour la faire revenir. Elle accepte, à condition qu’il déplace la pièce de 100 francs qui était sur la table au salon.

Personne ne peut nier le bon comportement de Sani dans la gestion de cette crise. Mais les agissements de nos fornicateurs sont-ils fondés ?


Le faux pet du berger peulh

C’est une histoire vraie qui s’est passée entre le forgeron d’un village de Tahoua et un berger peulh. Le forgeron doit récupérer et garder avec lui une somme d’argent qui appartient au peulh suite à la vente d’une de ses vaches aux villageois.

Sa vache est malade. Elle est fatiguée. Elle ne peut pas aller jusqu’au sud, la destination finale des transhumants. Il décida de la vendre à la population du village. L’animal a été égorgé et la viande vendue à tous les chefs de ménages. Cette pratique est très courante dans les villages nigériens. On achète un animal (vache, taureau ou chameau) qu’on égorge. La viande est partagée en fonction des acheteurs connus d’avance. On fait des tas de morceaux que chacun ramasse en fonction du nombre de tas qu’il a soumissionné. Dans ce genre de situation, l’acheteur n’est pas obligé de payer sur place. Un délai est fixé au terme duquel chacun est tenu d’honorer son engagement. Parfois, ce délai peut aller jusqu’à la saison des récoltes, période pendant laquelle, même si on n’a pas l’argent liquide, on a de quoi vendre pour rembourser. La saison hivernale approchant, notre  berger doit obligatoirement regagner les zones de pâturages pour ne pas avoir des problèmes avec certains producteurs. Ainsi, il ne peut rester jusqu’au délai prévu pour son désintéressement. Il désigna alors son ami le forgeron pour le représenter et récupérer son argent.

Juste après le départ du peulh, l’argent a été remis au forgeron comme prévu. Quelques moi après, le berger revient sur ses pas. Il campe, comme à l’accoutumée, derrière le village avec ses animaux. Un matin, il décida de rendre visite à son ami, le forgeron en vue de récupérer son argent qui lui a été confié. Une fois au village, il part directement chez son ami. Il le trouva dans son atelier entrain de faire des petits travaux. Après les salutations d’usage, il fait boire de l’eau à son hôte. Ils s’emballent dans des discussions ; des sessions de questions/réponses. Le forgeron sait d’avance les raisons de la venue du peulh. Il ne lui dit rien de ce petit trésor qui lui a été confié. Quand le propriétaire réclame l’argent, il lui répond qu’il ne l’a pas encore récupéré. Il demande au peulh de lui accorder un petit  instant pour aller le faire. Il le laisse le peulh dans la forge. Quelque temps après, la fille du forgeron entre dans l’atelier. Elle s’assoit en face du peulh. C’est une vraie touche à tout. Elle fait des va-et-vient dans la forge. Elle s’approcha d’un gros marteau. Elle tente de le soulever quand un bruit éclata de son derrière. Elle vient de péter. Elle dévisage le peulh et lui dit : « Ton pet sens mauvais !». Très stupéfait il rétorque : « Mais, c’est toi qui l’as fait, pas moi ». Une discussion tendue s’engage entre elle et lui. Elle insiste : c’est le peulh qui a pété. Son papa, qui doit ramener l’argent, n’est pas encore revenu. De sa chambre, l’épouse du forgeron entend les chuchotements de sa fille et d’un homme. Elle sort et rentre dans la forge. Elle reconnaît le peulh qui est là. C’est l’ami de son époux. Après l’avoir salué comme il se doit, elle le demanda ce qui se passe. Le peulh raconte tout ce qui s’est passé. D’un sursaut, la fille se tourne vers sa maman et lui dit que le peulh n’a pas dit toute la vérité. C’est lui qui a pété. C’est parce qu’elle est une gamine qu’il veut lui faire porter le chapeau . Elle nie en bloc les propos tenus par l’hôte de son papa, qui reste sans voix. Le peulh sait bien que ce n’est pas lui qui a fait ce pet. La fille aussi le sait. Mais le malheureux n’a aucune preuve de son annonce.

La maman leur dit qu’elle peut retrouver le coupable. Sans connaître les conditions, les deux protagonistes acceptèrent cette médiation. Pour démasquer le coupable elle demanda à chacun d’eux de lui montrer son anus. C’est à travers ça qu’elle reconnaîtra de quel anus le pet est sorti. La fille accepta. Elle s’accroupit et retroussa son pagne jusqu’à la hanche. La maman examine son anus et dit que ce n’est pas de ce dernier que le pet est sorti. Pendant tout ce temps, la tête du peulh est baissée. Il ne peut pas regarder une telle obscénité. Maintenant la maman lui demande s’il est prêt à prouver son innocence. Il est dépassé par les événements. Comble de malheur, aucun client n’est  venu à la forge au moment de cet incident. Il n’y a personne pour l’aider à s’échapper des griffes de ces deux mesquines. Il refusa catégoriquement de faire baisser sa culotte pour qu’on examine son anus : surtout pas par une femme sédentaire. S’il le fait, il sait d’avance qu’il sera désigné comme responsable : sur deux accusés, le premier a déjà été lavé de tout soupçon. Ce qui est sûr ces deux femmes lui feront porter le chapeau. Si les siens apprennent cette nouvelle, il sera couvert de honte et sa famille n’aura aucun respect. Pour étouffer vite l’affaire, il dit à « la juge » qu’il ne veut plus de l’argent qu’il est venu chercher. D’ailleurs qu’elle dise à son mari de venir à son campement le soir pour prendre un bouc et faire de la viande.

Le peulh a été escroqué. Mais, la question que je me pose est la suivante : qui a donné cette idée d’observer le derrière des coupables ? Le forgeron, depuis qu’il est parti, n’est pas  revenu qu’à la fin de l’affaire. Pensez-vous que c’est lui qui a monté tout ce scénario ?


Les oubliées de la fête de la femme nigérienne

Le 13 Mai, de chaque année au Niger, est  célébrée la fête de « la femme nigérienne ». Cette célébration marque une longue quête de l’équité entre les femmes et les hommes. Mais depuis 21 ans de lutte, de réclamation d’indépendance et d’autonomie, les résultats de cette quête restent mitigés. Le fossé entre les femmes rurales et les femmes citadines est toujours grand.

 Selon un rapport du PNUD (2005 : 27), la population nigérienne vit dans une situation de pauvreté, qui constitue une menace pour la cohésion sociale. Selon les données disponibles, 63% de cette population vivent en deçà du seuil de la pauvreté monétaire (75 000 FCFA et 50 000 FCFA par an respectivement pour les zones urbaines et rurales), et 34% dans l’extrême pauvreté (50 000 FCFA en milieu urbain et 35 000 FCFA en milieu rural.

Dans les zones rurales, les femmes vivent dans une pauvreté souvent extrême, elles travaillent sans répit pour leurs enfants et leurs maris. Elles constituent aussi une source de main d’œuvre pour le secteur agricole traditionnel, dont elles sont l’élément majeur. Ainsi, en dehors du fait que les femmes sont très actives en zone rurale, et que 4 pauvres sur 5 vivants en milieu rural, 3 pauvres sur 4 sont des femmes. (Ibid. : 27). De ce constat on peut affirmer que la pauvreté est quasiment féminine au Niger, et surtout dans le milieu rural en particulier. Cette situation maintient les femmes dans une position de dépendance permanente vis-à-vis des hommes. Et cela a pour corollaire les questions sociales dont il faut tenir compte : l’inégalité d’accès aux ressources, l’exploitation, le bas niveau de formation, l’accès réduit à l’information, etc. Mais il existent au Niger des associations et ONG qui affirment défendre la femme et contribuer à l’amélioration de sa condition.

Il faut aussi ajouter que, les quelques activités exercées par les femmes s’inscrivent dans le prolongement de leur savoir traditionnel et, en quelque sorte, de leurs activités de femmes au foyer : fabrication et commercialisation de galettes, beignets, bouillie, ainsi que le commerce saisonnier des produits maraîchers comme la patate douce, le manioc, l’oignon, le gombo, …, qu’elles vendent à domicile ou de maison en maison par le biais des enfants. Le choix de cette activité se fait souvent en fonction de sa compatibilité avec la garde des enfants et les tâches ménagères.

Je n’ai pas besoin de vous rappeler que, les revenus de ces activités sont généralement dérisoires et ne sont utilisés le plus souvent que pour l’achat des condiments et les contributions cérémonielles. Cela ne permet en aucun cas, aux femmes d’épargner pour songer au développement d’activités beaucoup plus importantes leur permettant d’accéder à une autonomie financière afin qu’elles puissent se libérer de leur entière dépendance à l’homme.

Les tâches socialement attribuées à la femme nigérienne rurale ne lui permettent pas d’engager d’autres actions visant à son épanouissement. C’est pourquoi, j’ai voulu que nos associations de soit disant « défense des droit de la femme » jettent un coup d’œil sur le « portrait robot » de la femme rurale fait par un professeur de l’Université de HARARE, et repris par CHLEBOWSKA Krystyna (1990 :21). Pour ce spécialiste en éducation des adultes, la femme rurale est :

  • Une personne de couleur ;
  • Entourée de marmots ;
  • Souvent enceinte ;
  • Transportant des jarres d’eau de la rivière ou du puits ;
  • Portant un bébé sur son dos et fagot de bois ou de branchages sur sa tête ;
  • Parlant sa langue vernaculaire, mais pas la langue officielle ;
  • Ne sachant ni lire ni écrire ;
  • Très peu ouverte au fait de la vie moderne et du progrès ;
  • Ne disposant que de peu d’argent ou sans argent pour les besoins élémentaires de la famille ;
  • N’ayant qu’un accès limité aux services sociaux et médicaux ;
  • Dont le mari a un emploi marginal en ville et apparaît rarement à la maison.

Les quelques changements apparus

 La planification familiale commence timidement à porter ses fruits, et quelques femmes, avec l’accord de leurs maris, font usage de  contraceptifs ; une chose qui auparavant a été la cause de plusieurs divorces.

L’accès aux services de santé s’est amélioré. Ils sont souvent débordés, surtout avec la gratuité des soins pour les mères allaitantes, en grossesse et les enfants de 0 à 5 ans ;

L’éducation des jeunes filles : les pères sont encore très rétifs pour qu’elles poursuivent des études, et nombreuses sont celles qui sont mariées dès l’âge de 15 ou 16 ans. Aujourd’hui grâce aux actions menées par les associations féminines, la tendance s’est inversée.  À l’école primaire, presque 3 élèves sur 4 sont des filles (à l’école normale Kaocen de Tahoua, il y 986 filles contre 409 garçons).  Au collège le taux diminue très fortement hélas. On constate donc que peu de jeunes filles obtiennent le BEPC, et encore moins accèdent au lycée et à l’université, et pourtant elles ont de très bons résultats scolaires.

Elles font usage de plus en plus des téléphones portables pour appeler la famille et écouter de la musique. Avec l’électrification qui s’installe en milieu rural, de plus en plus de ménages  possèdent un téléviseur et un lecteur de cd, bien regardé le soir par les femmes et les enfants ce qui est dans les années 80 impossible. Seuls les hommes ont accès aux  télévisions installées dans les Samaria (sorte de centre de jeunes) dans tous les gros villages du Niger. Aucune fille ne veut se faire surprendre à la Samaria. On le qualifierait  de garce.

De plus en plus de coopératives féminines voient le jour, qui mettent en valeur le savoir faire artisanale des femmes, ainsi que des activités commerciales.

Par contre en ville, l’exploitation des jeunes filles et femmes des milieux ruraux, qui viennent se louer pour de très faibles salaires pour les travaux ménagers et garde d’enfants, perdure. Les ONG de défense des droits des femmes devraient intervenir dans ce domaine.

Elles devraient également beaucoup plus s’investir davantage dans l’éducation des jeunes filles, pour que celles-ci puissent au moins savoir lire et écrire.

            Célébration de la journée de la femme nigérienne  a pour thème cette année: «La contribution de la femme rurale dans la mise en œuvre de l’initiative 3N». Au regard de ce que nous avons dit plus haut, ce thème est plus politique que féminin.

            Les femmes de l’école normale Kaocen de Tahoua ont choisi d’organiser un tam-tam (en retard) pour célébrer à leur manière cette journée. Un orchestre qui n’a pas rassemblé beaucoup de monde, même chez les organisatrices. Il a seulement permis aux curieux qui auparavant n’ont pas droit d’accès à l’établissement  d’entrer et sortir comme bon leur semble.

            Pour finir, je me demande si la condition de la femme rurale intéresse peu ? Et pourtant les femmes nigériennes qui ont eu accès à l’instruction, qui militent dans des associations ou ONG, qui vivent en ville, travaillent dans des institutions publiques ou privées (enseignantes, fonctionnaires, etc.), conduisant parfois des 4×4 rutilants, devraient réellement s’investir et œuvrer à une meilleure éducation de leurs sœurs « rurales », ces dernières contribuant chaque jour par leur dur travail à nourrir les premières. Cessez d’être gourmandes et avares!


Niger : les initiatives féminines

Les initiatives féminines concernent tous les projets conçus et exécutés par les femmes en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie . En effet, les femmes rurales au Niger n’ont pas droit à la propriété foncière. Elles sont aussi défavorisées par leur méconnaissance des règles de systèmes bancaires, du marché et de la commercialisation.  Ce qui explique leur accès difficile aux crédits, pourtant indispensables à la mise en œuvre des Activités Génératrices de Revenus (AGR) supplémentaires .

 Dans les villages nigériens, avant, les femmes s’organisaient, bien que timidement pour former leur propre système d’épargne collective : ainsi en est-il de l’exemple de cette ancienne pratique, « la tontine » ou adashe en hausa. Elle consiste à ce qu’à chaque échéance, une semaine, un mois, etc., selon ce qui a été arrêté par les membres, la totalité des cotisations soit remise à l’une d’entre elles pour réaliser un projet important. Ce système, malgré sont mode de fonctionnement informel, fonctionnait en rotation et permet à chacun des membres du groupe de profiter de cette épargne collective.

Le village est aujourd’hui couvert par l’apport d’une mutuelle de crédits qui octroie des prêts aux femmes et aux hommes désirant mener des Activités Génératrices de Revenus. En dehors de l’appui de la mutuelle, les femmes sont regroupées autour des « Asusus ». Ce dernier est une pratique très ancienne, qui consiste à creuser un trou ou à chercher un matériel en argile ou en métal (boite), percé au commet dans lequel la personne verse soit quotidiennement ou d’ouverture de son moyen d’épargne. Mais aujourd’hui cette pratique a connu des innovations. Ce qui fait qu’elle se pratique dans une caisse regroupant plusieurs personnes. L’échéance pour l’ouverture de ladite caisse est fixée en commun accord entre les personnes membres. Les «Asusu» d’aujourd’hui ont tendance à s’assimiler aux tontines, la seule différence constatée est, le fait qu’à l’ouverture on ne donne pas la totalité de l’argent à une seule personne. Le montant est partagé entre les membres.

Ils sont assez représentatifs du paysage féminin dans l’arène locale. Ils sont le mode dominant de la participation des femmes à la vie des projets qui en sont l’émanation. De plus, elles sont très convoitées et se forment sur un modèle de compréhension et de liberté d’action. Les femmes se regroupent selon leur disponibilité et leur entente mutuelle, autour de ces « Asusus ».

Les femmes apprécient les retombées de ces nouvelles initiatives qu’elles sont en train de mener. Puisque maintenant, avec le recul de la solidarité qui prend de plus en plus de l’ampleur dans la zone rurales comme urbaines, les femmes surtout sans tutelle maritale, se trouve obligées de chercher leur bien-être et celui de leurs enfants.

Dans certaines régions du pays, les femmes investissent dans les cultures de contre saison. Mais leurs investissements ne sont pas directs. Elles accordent des prêts d’argent aux hommes engagés dans la culture d’oignons, des laitues, etc. elles reçoivent en contre partie de la production. Cet argent investi provient, soit de la vente d’un bétail, soit de quelques sacs de céréales convertis en nature. Elles gardent ses parts, qu’elles vont vendre quelques mois après dans l’espoir d’engranger des bénéfices. Ces transactions généralement familiales  ne sont pas sans risque. Certains hommes malhonnêtes ne respectent pas leurs engagements et seules les femmes assumeront les conséquences.

Cependant, avec le système de « Asusus », les femmes achètent des oignons déjà récoltés, le mil, le niébé, la tomate sèche et autres marchandises pour vendre lorsque les prix seront à la hausse. En plus, elles font l’embouche ovine et octroient des crédits tirés de leur «Asusu» à d’autres femmes et aux hommes pour le mariage, baptême, pour financier les frais d’hospitalisation, de transport d’un fils qui désire partir en exode pour ne citer que cela.

Dans ces crédits que les «Asusu» accordent, elles perçoivent un intérêt de 10%. Celui sera partagé à part égale entre tous les membres du groupement dès sa création. La somme perçu permettra à leur épargne d’accroitre considérablement. Cela leur permettra de mieux s’investir dans d’autres activités ou encore s’engager dans l’embouche ou le stockage d’oignons ou des céréales.

 Il faut noter que les femmes animant ces ‘«Asusu» au Niger ou ces groupements, sont en majorité veuves et divorcées. Il y a aussi une proportion non négligeable de femmes dont les maris ont un âge avancé ou qui sont incapable de subvenir aux besoins élémentaires de la famille. S’agissant des jeunes femmes, elles sont quasi absentes dans les groupements ou « Asusu ». Elles veulent adhérer mais, elles hésitent trop craignant la réaction de leurs époux. Ce qui permet de déduire que jusqu’à présent, il y a une emprise des hommes nigériens sur leurs épouses. Ils ne leur permettent pas d’agir de façon libre dans les projets leur permettant d’acquérir une autonomie ne se reste que financière.

Enfin, il faut noter que ces initiatives, sont en train de donner à femmes nigérienne où qu’elle soie, une position très viable par l’acquisition d’une sphère d’action identique à celle qui était longtemps réservée aux hommes. Parce qu’elles sont aujourd’hui plus ou moins financièrement autonomes ce qui leur permettra à long terme d’initier des activités de grande envergure.

Subséquemment, de par la nouvelle approche de développement, les actions menées par les agents de développement (ONG, AD) ne se font plus de façon mécanique ; mais elles se déroulent de manière à tenir compte des particularités de chaque zone d’intervention. L’ONG ISCV TATTALIN RAUWA œuvre inlassablement dans ce sens à travers l’encadrement des groupements féminins dans 5 départements de la région de Tahoua à savoir : Madoua, Bouza, Malbaza, Tahoua et Illéla. Toutes ses actions tiennent donc compte des goûts de personnes cibles. Au cours de ces opérations, on doit sensibiliser la population sur la nécessité de travailler ensemble sans exclusion ni discrimination de sexe afin de réduire le spectre de la pauvreté. Ce qui a permis avec le rapprochement gouvernants/ gouvernés (communalisation) de mieux connaître les personnes concernées et de solliciter leur participation active et consciente. Cette démarche a abouti à une conscientisation des hommes sur l’importance de la participation féminine dans tout ce qui concerne la vie de la communauté par des actions concrètes qu’elles sont en train d’entreprendre de par leur propre initiative. Il est à constater dans ce cas une participation des femmes, qu’il s’agit de la gestion communale (8 femmes sont responsables des mairies au Niger, dont 2 dans la région deTahoua) ou de l’animation des groupements. Mais la frange dominante est composée de vieilles femmes.


Abuja et les affichages publicitaires anarchiques

Abuja, est l’une des capitales africaines les plus structurées. Mais, cette agglomération comme beaucoup d’autres, est confrontée au problème des affichages publicitaires anarchiques.

Abuja est une ville très couteuse. La publicité aussi. Ici  les populations font recours à des moyens très simples pour faire passer leurs messages, leurs annonces. Ainsi, il y a des affiches publicitaires partout à Abuja partout : sur les lieux à forte concentration humaines, dans les lieux religieux, les bâtiments publics, sur les poubelles, même sur le goudron, partout où un bout de papier pourrait être accroché. Peut être seule la présidence n’est pas couverte de ces affiches anarchiques qui spolie le paysage urbain. Néanmoins, ils constituent un moyen privilégié qui permet à moindre coût, de toucher le maximum de cibles. La cité d’Abuja est en majorité composée des travailleurs et des migrants. Ses résidents n’écoutent pas tous les jours la radio. Ils regardent moins la télévision du fait des coupures intempestives d’électricité. Tout le monde est occupé.

 Il suffit d’imprimer quelques pages et les remettre à des petits enfants qui à leur les accrocheront sur tout ce qu’il trouve. Il est beaucoup plus facile de se concentrer sur une annonce maladroitement pendue sur le mûr du voisin que sur internet. Ces affichages publicitaires désordonnés concernent principalement  les cas d’embauches, les cours de maison, l’ouverture d’un nouveau lieu de culte, l’etc. Certains marchands font recours à cette technique pour faire connaitre leurs commerces nouvellement ouverts.

Ces derniers temps, avec les différents scrutins de 2015 et 2016 au Nigeria, les affiches politiques sont venues à graver davantage la situation. Mais, depuis la semaine passée la municipalité d’Abuja (Abuja Municipal Area Council) a commencé à se débarrasser de ces panneaux qui inondent les grandes artères de la capitale.