C’est quoi la féminité chez vous?

9 février 2015

C’est quoi la féminité chez vous?

« Même si les choses semblent aller à l’avantage des « mâles », ce n’est pas toujours le cas, comme tu le montre bien ». Ce sont les propos d’un lecteur dans son commentaire sur un article que j’ai posté la semaine passée. En cela et pour faire justice aux femmes (comme on le dit) j’ai décidé de poster ce modeste billet. La femme noire africaine est différente des autres femmes. Mais de façon générale, les caractères physiques de la femme telles que l ‘élégance et l’esthétique sont très appréciés. Certaines femmes sont jugées plus belles que d’autres souvent par leurs formes et leurs teints ; critères très appréciables pour la beauté d’une femme, or le processus par lequel on parvient à une beauté socialement acceptable peut être très destructeur tant sur le plan physique que psychologique. Ainsi, les pressions exercées sur les femmes dans certaines sociétés pour qu’elles se rendent séduisantes afin de trouver un conjoint et assurer la survie économique et sociale de la famille les obligent à effectuer des démarches élégantes. Dans cette situation, la femme est dépossédée de sa responsabilité en tant qu’être humain, l’essentiel de la personnalité de l’être humain. Sans cette chose essentielle intérieure, elle est réduite à sa peau extérieure ou enveloppe. Elle agit en tenant compte plus du goût de l’homme que son goût à elle (ACP-UE, N°183, 2000 :42).

Chez mois dans les sociétés hausa, il serait étonnant, mais pas rare d’entendre les femmes dirent entre elles qu’ «  une telle est une vraie femme ! ».

Chez moi au Niger, une femme se distingue des hommes par l’entretien du corps. Il en est de même de la propreté de la maison qui est exclusivement féminine. Lorsque la maison est sale, la femme est la seule à être condamnée par l’entourage. Dans les villages, l’embonpoint et la corpulence de la femme sont privilégiés dans la détermination de son caractère féminin. C’est pourquoi, généralement après les récoltes (Octobre-Décembre), les femmes dans les villages organisent un concours qui consiste à organiser les femmes, généralement jeunes, en plusieurs équipes des deux. Ainsi chacune est mise en compétition avec une femme de son calibre. On attache un fil au cou de chaque membre de l’équipe. La présidente du groupe (appelée en langue local kungiya) et ses associées donnent aux femmes en compétition des produits modernes et des décoctions pour qu’elles grossissent. Elles fixent une durée de 3 mois, après laquelle les concurrentes sont évaluées. Celle dont les muscles auraient augmenté plus que l’autre membre de son équipe sera déclarée gagnante.

 

Chez moi, dans le ménage, la femme dépend de son mari et doit lui obéir. Le marabout en les unissant leur prescrit formellement ces recommandations (lors des cérémonies dites religieuses). Quand la femme se conduit mal et n’obéit pas à son mari, ce dernier informe en principe ses parents qui à leur tour informent les parents de la femme qui interviennent auprès d’elle pour l’inviter à l’obéissance. Certains époux sont rigoureux et dominateurs vis-à-vis de leurs épouses. Les malchanceuses sont battues à mort. Lorsque la femme se sent angoissée par le comportement indigne qu’elle a observé chez son mari, elle se soulage en faisant recours à son moyen de défoulement et d’interpellation qu’est le pilon. Ne pouvant pas s’adresser face à face à son époux, la femme balance son pilon en l’air, claque les mains et extériorise ses pensées. S’adressant à l’homme qui est toujours à la maison, qui ne part pas en exode, la femme dit : « Lèves-toi ce paresseux, les vrais hommes sont à Abidjan, ils envoient à leurs femmes des complets par paires. Si tu peux m’envoyer même une pièce de 500 Francs CFA »(moins d’un euro).

 

Dans la zone rurale hausa, le respect des responsabilités socialement attribuées selon le sexe est quasi strict par rapport au milieu urbain. Ces dernières années, on constate un transfert de certaines responsabilités qui sont socialement attribuées à l’homme sur la femme. Ainsi, on a tendance à s’acheminer vers une nouvelle orientation des obligations et des rôles familiaux dans le foyer à travers un rétrécissement de l’autorité de l’époux sur certaines questions de la famille. Cela s’explique par une émancipation plus ou moins timide des femmes au sein du ménage, dans la gestion de certaines charges domestiques et l’exercice de certaines responsabilités. L’émergence des associations féminines au Niger, a contribué aussi, d’une façon à une autre à faire changer cette tendance. Aujourd’hui, les femmes, dans beaucoup de cas, s’occupent de la clôture des maisons bien qu’elle soit en paillote ; elles financent les colmatages des maisons conjugales, en l’absence des maris ; elles construisent leurs cuisines et paient des fois les portes et fenêtres pour leurs maisons. Mais parfois, souvent après, le divorce, on voit des portes, des fenêtres et des cuisines démantelées sous le regard impuissant du mari. En plus, parfois dans ces mêmes situations, la femme refuse de partir sans le reliquat de sa dote qui n’a pas été payé.

 

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Commentaires

zammo
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Un très bon article, mais je remarque que tu traites de plusieurs thèmes à la fois (la notion de beauté, la position de la femme par rapport au mari, une tendance vers l'autonomisation des femmes) qui n'a pas permis, à mes yeux de dire ou d'aller au bout de tes pensées sur certains aspects socio culturels, à creuser davantage.

ASSOUMANE Habibou
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Merci Zammo pour la remarque.