This is Lagos!
J’étais à Lagos du 6 décembre au 12 décembre. Une semaine durant, j’ai vécu dans une ville qui n’a rien de commun avec les agglomérations nigériennes. C’est à Lagos que j’ai voulu publier cet article, mais en vain. Les longues coupures d’électricité qui plongent la ville dans le noir ne permettent à personne de travailler avec aisance. Malgré tout, Lagos est une ville où tout le monde rêve d’aller. C’était l’ancienne capitale fédérale du Nigeria. Les populations autochtones sont des Yoruba. Ces derniers, jusqu’à présent, ruminent le transfert de la capitale de chez eux à Abuja même si elle reste la capitale économique incontestée du pays avec plus de 20 millions d’habitants. Pour nous les Nigériens et autres francophones, le Nigeria est l’incarnation du désordre. Lagos elle seule, en est la révélation. Pendant tout le temps que j’ai passé dans ce pays, je sentis une absence totale de l’Etat. La vie à Lagos, c’est comme dans la jungle, où les grands mangent les petits. Dans le quartier où je suis resté, des petits voyous contrôlaient une rue. Ils prenaient de l’argent à tous les taxis motos venant dans les parages. Les récalcitrants sont parfois battus, et cela sans que personne lève le petit doigt. Ce sont des membres de l’OPC (the Odua People’s Congress), qui sèment la terreur à Lagos. L’OPC est sans nul doute devenue la plus bruyante et la plus brutale des organisations militantes ethniques au Nigeria. La violence est permanente à cette communauté et surtout quand des non-Yoruba vivent parmi eux. Le gouvernement américain les a ajoutés sur sa liste des organisations terroristes. Ils extorquent de l’argent à tout le monde et à toutes les occasions. Quand tu payes un terrain à Lagos, tu dois donner aux gens de l’OPC une taxe. A chaque niveau de la construction en plus, tu dois aussi leur verser de l’argent si tu veux finir ta maison sans beaucoup de peine. Les Hausa du Nord sont ceux qui payent les plus lourdes taxes.
Dans certaines villes africaines que j’ai eu la chance de visiter, à l’entrée de la ville on peut voir des panneaux publicitaires de bienvenue. A Lagos, le panneau vous dit « This is Lagos » (ça c’est Lagos !). Ceci est une mise en garde faite aux nouveaux venus dans la ville (alajo en langue locale). Car dans la ville de Lagos, la prudence et la vigilance sont les seuls moyens de minimiser le risque de se faire escroquer, battu, dans le moindre des cas insulté. La fois dernière, mon cousin à payé des détritus de la canne à sucre (bien recouverts d’un tissu) en lieu et place d’un jeans neuf. Il connait très bien le vendeur, mais il n’ose pas lui réclamer de l’argent pour ce faux jeans. Il est même trop « petit » pour penser que la police peut régler son cas. Beaucoup de mes compatriotes m’ont raconté leurs mauvaises expériences dans cette ville. A Lagos, c’est chacun pour soi et Dieu pour les plus malins. Mais moi, ce qui m’a fait le plus inquiété, c’est le voyage. La route est très longue et semée d’embuches. Mêmes si tous les problèmes de Lagos ne vous tuent pas, la vitesse sur une voie pratiquement impraticable, par laquelle les chauffeurs conduisent pour atteindre Lagos peut vous tuer.
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