Niger : Commémoration sans fin et sans résultat du 9 février
Le Lundi 09 février 2015, l’Union des scolaires nigériens a commémoré le 25ème anniversaire des évènements tragiques du 09 février 1990. En ce jour-là, trois scolaires étaient tombés sous les balles des forces de l’ordre, sur le pont Kennedy Niamey. C’est la seul voie terrestre qui relie la capitale à Harobanda, Ces scolaires participaient à une manifestation pacifique contre la dégradation continue des conditions de vie et d’études des scolaires nigériens et le rejet du Programme d’ajustement structurel (PAS) imposait par le FMI que le régime du Général Ali Seïbou s’apprêtait à mettre en application à l’époque. Sous la houlette de leur puissant syndicat USN (Union des Scolaire Nigériens), ils s’opposaient formellement à la mise en œuvre du projet Éducation III avec son système de double flux dans les écoles primaires.
Les scolaires morts ce jour sont : Abdou Maman Saguir et Alio Nahantchi et Issaka Kaïné (collégien). Depuis ce jour, chaque année, ils sortaient dans les rues aux cris de Abats! Que justice soit faite!. Ils veulent que justice soit faite suite à cette tuerie de leur camarade sur ce pont qu’ils coupaient ce jour là. Aujourd’hui, 25 ans après les faits, la justice n’est toujours pas rendue aux parents des victimes et à l’ensemble des scolaires nigériens. Cette justice pourrait-elle être rendue un jour ? Deux décennies après, les revendications restent les mêmes. Jamais la justice ne s’est intéressée à ce dossier. Après tout ce temps passé, il est difficile sinon très difficile que ces revendications trouvent gain de cause. Malheureusement, c’étaient tous les régimes qu’avait connu le Niger qui ont prêté une sourde oreille à cela. les auteurs, coauteurs et complices de la tuerie courent toujours.
Mais en plus, avec le temps, même les scolaires commencent à ne plus croire à la possibilité d’un procès sur les évènements du 09 février 1990. Pour beaucoup d’entre eux, qui ignorent même ce qui s’est passé ce jour-là, la commémoration de cette date est plus un moment de joie que ce long et interminable deuil. La joie de ne pas aller à l’école, mais aussi de se rendre maîtres de la circulation en bloquant les artères de la capitale et des autres villes du pays pendant une bonne partie de la journée. Hier matin, quand je sortais pour une livraison, j’ai rencontré leur cortège aux alentours du CHR (Centre Hospitalier Régional). Des petits enfants m’ont bloqué le passage et m’ont obligé à monter sur le trottoir. Je sais qu’ils ne plaisent pas. Ils peuvent m’assainir de coups gratuitement si je ne leur obéis pas. La CASO , (la Commission des affaires sociales et de l’ordre) une force de frappe terrible, qui tenait tête ne me fera aucun cadeau.
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