Niger : les distributions de vivres pour faire face à la famine
La distribution gratuite ciblée et le cash transfert sont deux moyens d’atténuation des crises alimentaires au Niger. Ces opérations sont effectuées dans la plupart des cas dans les zones rurales. Elles sont de tout temps confrontées à un manque de transparence.
Le Niger est un pays sahélien en proie à plusieurs aléas climatiques. Une année sur deux, la sécheresse puis la famine anéantissent les activités socio-économiques dans les zones rurales. Mon pays fait face depuis longtemps à des famines chroniques. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont fait de la lutte contre la faim au Niger, leur cheval de bataille. Des projets et programmes très ambitieux sont ficelés dans le seul but d’éradiquer cette faim. Mais la famine et la malnutrition continuent à être l’une des causes importantes de la mort infantile dans nos villes et campagnes. Bien que cela soit connu de tous, certains dirigeants ne veulent pas qu’on appelle le chat par son nom. Ils cherchent toujours en vain, des voies et moyens pour éviter que l’on mentionne qu’il y a une famine dans tel ou tel village. Quand les populations vulnérables se comptent en milliers, les organismes humanitaires nationaux et internationaux entrent alors en jeu.
La distribution gratuite ciblée (DGC) et le cash transfert (CT)
Ces dernières années, les organisations non gouvernementales (ONG) et les associations de développement (AD) ont initié un programme appelé DGC ou distribution gratuite ciblée. Ce programme consiste à recenser dans un village des familles les plus vulnérables, auxquelles on donnera des quantités suffisantes de vivres. Un autre programme dénommé cash transfert autorise lui, une distribution de sommes d’argent toujours à ces familles dites vulnérables. Pendant au moins 3 mois, la femme ou le mari sélectionné par le programme reçoit sa ration alimentaire ou son argent sans problème. Ces dispositifs ont permis à de nombreuses familles de souffler avant les prochaines récoltes. Mais la sélection ou le recensement de ces plus vulnérables ne se fait pas de façon objective. Parfois, il revient au chef de désigner la population démunie et il arrive souvent que le chef priorise ses proches. A noter que ces distributions ont un côté négatif. Des honnêtes villageois se transforment très vite en petits escrocs et paresseux. Ils font tout pour satisfaire les critères de sélection. Des femmes arrêtent l’allaitement de leurs enfants pour que le jour du recensement, leurs bébés présentent les signes de malnutrition.
La DGC et le CT points de discorde dans les foyers
La DGC et le cash transfert sont aussi le point de discorde entre conjoints. Quand c’est la femme qui est choisie et non son mari, ce dernier fera tout pour avoir une main mise sur ce qu’elle a reçu. Chez moi, les hommes ont toujours le dernier mot, en ce qui est de la gestion du foyer. Des femmes sont battues, chassées de leur foyer pour refus de remettre au mari son « butin » de la DGC ou du cash transfert. Mais des années de Cash et de DGC ont été réalisées et la situation de zones rurales reste la même. Aider les populations en situation de crise, c’est bien. Mais, leur apprendre comment se prendre en charge c’est mieux. Un adage de chez nous: « Donner du poisson à un enfant c’est bien, lui apprendre à pêcher c’est mieux! »
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