Les fêtes musulmanes ne nous disent rien au Niger
Selon certaines statistiques, le Niger est un pays à 99% musulman. Malgré cette forte islamisation, d’aucuns pensent que, les journées réservées aux fêtes chrétiennes sont plus respectées dans le pays. Cela n’est pas du tout vrai car le problème réside ailleurs.
Au Niger, seules trois journées sont « sans travail » pour des raisons de fêtes dites chrétiennes à savoir : Noël, le jour du nouvel an (1er janvier) et la Pâques. Alors que chez les musulmans, 5 journées sont déclarées fériées dans l’année notamment : les jours des fêtes de Ramadan et de la Tabaski, la nuit du destin communément appelé «la nuit de lailatul kadr », le jour du maoulod, et le premier jour du nouvel an. Cette année, le nouvel an, 1438, a été célébré le lundi 3 Octobre 2016. Cependant, nombreux sont les Nigériens qui l’ignorent. En effet, n’eut été les communiqués et les émissions à la radio et à la télévision, cette date très importante pour la vie des musulmans allait se passer inaperçue.
Le jour d’une fête musulmane au Niger n’est pas différent des autres jours. Car, en dehors de la fête de Ramadan, ou de la Tabaski, les autres fêtes sont muettes à l’exception de leur caractère « chômé et payé ». Cela dit, les musulmans nigériens sont des mauvais fêtards ou plutôt, la religion musulmane n’encourage pas le gaspillage, les comportements ostentatoires connus dans les fêtes. Aussi, ces fêtes n’ont pas de jours exacts. Autrement dit, elles dépendent de l’apparition du croissant lunaire qui diffère d’un pays à un autre, d’un continent à l’autre. Mais en vérité, ce problème de célébration de la fête chez les musulmans nigériens réside dans l’exploitation des calendriers. Diversement, nous nous servons plus et mieux du calendrier grégorien. Même un petit enfant du primaire (en Cours d’Initiation CI), pourrait vous citer les 12 mois de l’année grégorienne. Cependant, si vous proposez un cadeau, d’une si grande importance soit-il, (à un groupe de musulmans nigériens) pour récompenser celui qui cite les 12 mois de l’année hégirienne, la déception sera totale. Beaucoup vont échouer (à commencer par mois). Je ne me moque pas de notre religion, mais le Niger est le seul pays au monde où les fidèles pratiquent une religion parce qu’ils l’ont héritée, sans la connaître véritablement. Comment peut-on faire un travail surtout, de croyance sans connaître ses tenants et ses aboutissants ? Pourtant Allah dit: « Connaissez-Moi avant de M’adorer. …
Rendez-vous dans une mosquée à l’heure de la prière et que l’imam s’absente. Il sera difficile de trouver son remplaçant sur le champ. Il fallait supplier presque la moitié des fidèles présents avant que quelqu’un accepte.
En Afrique, et au Niger en particulier, tout s’hérite. C’est pourquoi, certains Présidents de la République font tout pour que leurs fils leur succèdent. Qui est fou ? Le fils d’un cordonnier, d’un forgeron, d’un maçon au village, d’un griot, etc… voulait à tout prix ressembler à son papa. Quand on est enfant, on a grandi et trouvé les parents prier nuit et jour. On est content de suivre parfois papa à la mosquée ou à l’église. Ainsi, on veut bien devenir un musulman ou un chrétien comme lui, pourquoi pas Imam, Évêque, Padré ou Pasteur. On cherchera les réelles motivations de ce choix parfois au goût amer après. Cela n’est-il pas l’une des causes du fanatisme et de l’intégrisme religieux ?
Cela m’a rappelé une scène qui s’est passée en 2000. C’était à Niamey un week-end, nous étions partis, mon ami et moi rendre visite à un tonton. A côté de son domicile, il y avait une petite mosquée du quartier. Ce jour, l’imam était absent. On a demandé à trois personnes différentes de le remplacer mais elles ont toutes refusé. Nous sommes debout dans la mosquée, on ne sait quoi faire. Quelques minutes après, deux prieurs arrivent l’un plus âgé que l’autre. Ce dernier portait un accoutrement semblable à celui des marabouts : une jalabia et un bonnet blanc avec une barbe bien taillée. Il s’aligne dans la première rangée et on lui fait signe de passer. Il s’exécuta sans hésiter. Il dirigea la prière sans perte de temps. C’est la deuxième de la journée. Mon ami et moi, nous retournions à la fada où nous continuons à attendre le tonton. Jusqu’à 16 heures, il n’est pas encore arrivé. A ce moment, le muézin fait l’annonce de la 3e prière, l’Asr. Nous faisons nos ablutions et regagnons la mosquée. Un petit enfant arrive après nous et nous informa que l’imam a eu un empêchement, il ne peut pas venir. Il faut que quelqu’un le remplace encore. Notre Imam improvisé du Zuhr a encore dirigé la prière. Cette dernière finie, nous revenons nous asseoir toujours à la devanture du domicile de celui que nous voulons rencontrer. C’était lui qui nous a demandé de venir. C’était pendant la crise universitaire du 21 février 2001. C’est un ressortissant de notre canton, il voulait nous loger en attendant que le calme revienne. Donc, on ne perd rien pour attendre. Il est venu juste avant la prière de Magrib. Il nous invite à aller prier d’abord. Ensemble on se dirige vers la mosquée qui est presque pleine. Toujours pas de signe de l’imam ni de son messager. Les fidèles s’impatientent quand le muézin se tourne vers le monsieur qui a dirigé les deux précédentes prières et l’invite à occuper la seule place restante. Il dit « Bissimillah, c’est vous qui avez dirigé la prière cet après midi non ? » nous somme en Afrique où on vous pose la question dont on connait la réponse. Le Monsieur ne fait aucune réaction, comme si on s’adressait à quelqu’un d’autre pas lui. Son voisin de droite lui dit encore : « c’est à vous qu’on s’adresse, approchez, venez diriger la prière ». Les fidèles de la derrière rangée tentèrent de le pousser, mais il résiste. Notre futur tuteur entra dans la danse et dit « il paraît que c’est vous qui avez dirigé les autres prières, même maintenant faites-le ! » il ne dit rien toujours. En réponse, il hocha la tête de gauche à droite en signe de refus. Tout le monde était perplexe. Personne ne comprend sa réaction, son refus et les gens continuent à le bombarder de questions. Il céda à la pression et dit « je ne peux pas diriger la prière maintenant ».
Le muézin, ajouta, pourquoi ? C’était vous l’imam des autres prières, pourquoi pas maintenant ? Pour sa défense, il dit « pour les 2 autres la récitation ne se fait pas à haute voix comme maintenant ». « Donc tu ne sais même pas lire et tu as accepté d’être notre imam ? », affirma le muézin. L’imam improvisé fut extrait de la mosquée par 2 individus qui commencèrent à le rouer de coups. Quand ils fouillent ses poches, ils sortent 132 comprimés de Tramadol, une drogue prisée par les jeunes nigériens (surtout les taxi moto et les dockers) et 3 sachets pleins de cannabis.
Ce petit événement ne m’a guère surpris. C’est ce qui se passe tous les jours. Des « tartuffes de la religion » qui dirigent des prières dans les mosquées. Ma seule inquiétude à ce niveau, c’est la validité de ces deux prières dirigées par le faux et délinquant imam.
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