ASSOUMANE Habibou

Niamey se modernise à grands pas

Niamey, figure parmi ces capitales africaines qui souffrent de manque d’infrastructures adéquates pour une ville moderne. Mais, des programmes politiques comme « NIAMEY NYALA » sont en train de changer son visage en dépit de quelques grincements de dents.

Depuis plusieurs années, Niamey était dépourvu d’autos routes ni d’échangeurs. J’ai quitté cette ville en 2006. Dès lors, je ne suis, jamais revenu que cette semaine. Selon, les informations à la radio et à la télévision nationale, cette ville a beaucoup changé. Les autorités actuelles ont tout mis en œuvre pour faire d’elle, une ville de « référence ». La modernisation des villes au Niger, à commencer par Dosso, la cité de Djermakoye sous un programme appelé « Dosso Sogha ». Cette initiative continue son beau chemin désormais avec le tour Maradi capitale économique sous une autre dénomination : Maradi Koliya. Dans les quartiers que j’ai pu visités, j’ai remarqué que toute la ville de Niamey est en chantiers. La poussée progressive  des immeubles comme des champignons  çà et là, confirme le caractère moderne de cette capitale qui cache une véritable disparité avec l’intérieur du pays. Pour un nigérien vivant dans les autres régions, même au passage, il comprendra aisément que, cette cité a changé. Ce bouleversement a  aussi touché certaines couches sociales qui font de la politique une entreprise. Des gens qui auparavant ne pouvaient même pas payer leurs factures d’eau ou d’électricité, s’offraient aujourd’hui des terrains de centaines de millions, affirme un acteur de la société civile. Cette transformation de Niamey, ne se fait pas sans difficultés. Le week-end passé, des commerçants indemnisés avec la complicité de certains habitants au quartier Liberté, s’opposent à la destruction de boutiques anarchiques. Au cris de abat Charlie, ils ont créer une confusion aux alentours. N’eût été l’intervention des forces de l’ordre, la situation allait se dégénérer.

La ville de Niamey dépasse de loin, les différents chefs-lieux des régions. Niamey c’est le Niger. Car c’est ici que sont prises toutes les décisions concernant la vie de la nation. Cependant, derrière son urbanisme accéléré, se cache un visage d’une ville insalubre. Le projet Niamey Nyala (Niamey la coquette en langue locale), ne touche pas tous les quartiers. Certains sont défavorisés, négligés au profit des autres. Je ne parle pas de Kouara Kano, ou de Yantala. La circulation dans ces zones est pratiquement impossible même à pied. Et en cette saison des pluies, la situation est plus macabre dans des artères des portions non loties. L’absence des infrastructures légitimes pour l’amélioration  des conditions de vie est quasi-totale. Constitué en majorité d’immigrés, ces quartiers sont aux yeux des politiciens un électorat incertain.  On se demande, si l’Etat existe dans ces parties pauvres ces agglomérations, où la concurrence rude pour la survie les réduit en des lieux dangereux. Ce  sont des foyers incontestés d’une délinquance accrue.


Le charo, est le sport violent du Niger

charo1Chez-moi au Niger, chaque ethnie  a son sport préféré. Certains sont d’une rare violence qu’ils sont interdits par les autorités. Aujourd’hui, au nom de la démocratie et de la liberté d’expression et de culte, ces sports continuent à être pratiqués. Parmi ces sports dangereux, on peut citer le charo, une discipline  peulh qui reste est demeure parmi ces pratiques sportives ethniques sans adhérents externes.

On compte au moins 8 ethnies au Niger qui sont : les Hausa (les plus nombreux), les Touaregs, les Zarma, les Peulhs, les Kanouris, les Toubous, les Arabes et les Gourmantchés. Chacune a des activités sportives  propres. Les Touaregs apprécient la course des chameaux. Si chez les Hausa la lutte traditionnelle est le sport roi  les Peulhs se battent avec des gourdins. Un Peulh peut débourser une grosse somme pour s’approprier du bâton le plus spectaculaire.

Communément appelé « Fottingo » ce  sport est pratiquement masculin. Il est pratiqué essentiellement par les jeunes pendant la période des récoltes, parfois lors de cérémonies de mariage ou de baptême. Cette discipline est un moyen pour les jeunes de prouver leur bravoure. Après la lutte traditionnelle au Niger, le charo rassemble aussi beaucoup de curieux. Le combat public se fait entre deux gaillards. L’un d’eux se déshabille et se tient au milieu de la foule. Après lui avoir remis ses amulettes, on lui sert bien la poitrine avec un pagne. Il soulève sa main haute, pour dire à son adversaire qu’il est prêt.  Un  pseudo arbitre est présent. Coup d’envoi du combat. L’attaquant frappe sans pitié l’aisselle de son adversaire. Le « battu »  entonne des chants en défiant son « batteur ». Il lance aussi un morceau de fer au loin, pour montrer à la foule que les coups ne lui ont rien fait. Le combat s’achève en général au deuxième coup. Deux coups de gourdin sur la poitrine d’une seule personne et en même temps !  Rares sont ceux qui endurent une telle épreuve. A son tour, celui qui a donné les coups sera frappé le même jour lors d’une autre rencontre ou bien l’année prochaine. Tout dépend. S’il le désire, celui qui a été battu peut pardonner à son batteur en signe de respect.

Le  boucher n’a pas été totalement  pardonné

Lors d’une cérémonie d’élection d’un président de jeunesse (Mai Samari), des combats de charo sont organisés. Toute la journée, les jeunes Peulhs rivalisent et se lancent des défis à travers des joutes orales et physiques. Un boucher circulait en dehors de l’arène. Il vend de la viande dans une grosse tasse. Il passa derrière un groupe de jeunes combattants. Il s’assoit derrière eux, sous un gros arbre. Gagner par le son de flûte, subitement il arrache un bâton et frappa l’un des jeunes peulhs. Les témoins de la scène encouragèrent le boucher à finir son 2e coup, puisse le principe reconnait deux. Sans réfléchir aux conséquences, il donna un 2e coup à son cousin. Car de tradition au Niger, les peulhs sont les cousins des bouchers. Ce système de cousinage est très développé au pays. Une journée appelée cousinage à plaisanterie lui est même dédiée.  Ainsi, en dehors du cousinage sanguin, il y a celui entre les ethnies. En cela les Hausa sont les cousins des Maouris. Les Kanouris ont pour cousins les peulhs, les touaregs avec les Djerma et ainsi de suite.  Le peulh frappé réclame sa vengeance. On prépara, le boucher et l’installa dans la scène. Au premier coup, il  est déjà à terre, sa tête dans le sable. Le charo, est un sport des initiés et demande une grande préparation physique, morale et mystique. Malgré que son adversaire est au chao, le type insiste à finir son 2e coup comme d’habitude. Le grand boucher est presque évanoui. On l’aspergeait  d’eau et commença à agiter sa jambe. Il est vivant, interjeta la foule ! En ce temps, les sages,  négocient, le jeune peulh à renoncer au  2e coup. Après plus d’une heure de négociation, il accepte de renoncer. En sanglots, il quitta même la cérémonie. Toute l’attention est portée sur le boucher qui est toujours par terre. Deux bras valides le soulèvent. Il ne peut plus tenir sur ses deux jambes. On nettoya le sable des yeux  du malheureux boucher. Il   vomi déjà du sang. Son pantalon est tout mouillé d’urine.  Des morceaux de déjection commencèrent à tomber de son pantalon. Malgré les gens qui le surplombait, cela n’a pas empêché à un nuage de mouche d’élire demeure sur son derrière. Il a souillé, sa tenue criait les enfants et les jeunes filles. De toute façon, le boucher vient de commettre une faute grave. Pour un sédentaire, affronter un peulh en combat de charo ce n’est que de la pure folie et du suicide affirme le chef du village.

Lors de ces combats, on peut pardonner les coups en entier, mais jamais une partie. Une grande-mère nous racontait un jour, lors d’un combat de charo, un jeune combattant s’est désisté dès le premier coup de bâton. Il était face à un  adversaire très redoutable. Ce dernier refuse et insiste à aller jusqu’au bout. Il refuse même de quitter l’arène. C’est en ce moment qu’une de ses sœurs entre  prête à prendre le coup à la place de son frère. Pour elle c’est une honte, pour leur famille si son frère n’est pas capable de continuer. Quelqu’un doit laver ce t’affront et ils sont les seuls frères. Un combattant de charo digne de son nom est sans pitié. Il l’a frappa sans hésité. Mais selon la grande mère, le coup est d’une violence extrême qu’il abîma sa mamelle.


3 août, fête de l’indépendance au Niger

PHOTOS_FeteNigerLes  pays africains étaient longtemps restés sous le joug  colonial. A partir des années 1960, la plupart d’entre eux, ont acquit leur indépendance suite à des hautes luttes. Pendant 38 ans, le Niger était une colonie française. Le mercredi 3 août 1960, il accède à sa souveraineté. Ce jour est un moment de fête et de plantation d’arbre, sur toute l’étendue du territoire. Mais avant, sommes-nous vraiment indépendant ?

Avec une superficie de 1 267 000 km², le Niger  accède à son indépendance dans un état  de disette. Ainsi, le  3 août  de chaque année, il est célébré la fête de l’indépendance. Elle est aussi appelée la fête de l’arbre. Car beaucoup d’arbres sont plantés ce jour (août est le mois le plus pluvieux au Niger) dans le pays, pour surtout stopper l’avancée du désert. Mais l’impact reste encore incertain. Les plants ça et là dans le pays ne sont pas entretenus. Ils sont délaissés sans protection,  détruits par les animaux et le manque d’eaux.  La fête de l’indépendance est en effet, une occasion pour le président de la république de gracier une certaine catégorie de prisonniers et d’élever le rang de certains travailleurs de la fonction publique. En prélude à la 21e conférence de la convention sur le changement climatique qui sera organisée à Paris, cette année le thème retenu est « contribuons à la lutte contre la déforestation et le changement climatique par la promotion des énergies alternatives ». Sous haute sécurité, les festivités à Tahoua écourtées par la pluies  se sont déroulées à tribune publique appelée désormais place de la concertation.

Après 55 ans d’indépendance peut-on parler d’un bilan au  Niger?

En général, le bilan des indépendances des pays africains est très mitigé. Il est aussi, d’une manière à une autre, indissociable de leur pensé colonial. Toujours en proie  à la faim, les pandémies, la guerre civile, les pressions extérieures mais aussi et surtout la corruption, les états africains sont synonymes du sous développement aux yeux du. Cela dit, dans beaucoup de secteurs, les dirigeants africains post indépendances ont échoué. Toutes fois, si certains attribuaient un rôle palliatif aux différents coups d’état militaire, les longues grèves perlées dans le secteur public et celles des élèves/étudiants n’ont pas rendu les choses faciles. Ainsi, par son indépendance, le Niger (comme tous les pays indépendants) entend exercer un plein pouvoir sur ses relations extérieures, son économie, sa défense, pour ne citer que cela. C’est un passage témoin entre l’administration coloniale française avec celle du Niger. L’indépendance, marque la fin de l’indigénat et du travail forcé. Mais ces  pays dans leur écrasante majorité, ne sont indépendants que par le nom. Le Niger en fait partie. Dans ce pays enclavé, tout est copié de l’occident. Tout se fait au bon vouloir des pays du Sud. Mais, il faut reconnaître que chez moi, c’est après notre indépendance que des sociétés nationales ont été créées. C’est le cas de la BDRN, la SONARA, l’OFEDES et bien d’autres. Mais aujourd’hui, ces sociétés n’existent que par le nom dans les livres d’Histoire et Géographie. La création de la copro-Niger, une société de commercialisation des produits de premières nécessités sur l’ensemble du territoire national n’a pas était chose facile. Car, rivalisant avec les  sociétés françaises installées au Niger. Des villes françaises sont électrifiées à partir de l’uranium nigérien au moment où nos villes manquent cruellement du courant énergétique. Pourquoi, nous ne profitons pas de cette technologie ? Le Niger n’a pas de compétences à la matière. Cette affirmation est-elle vraie ? A 55 ans d’indépendance, le Niger a beaucoup à faire.

Sur le plan éducatif,

            Beaucoup restent à faire. Selon un classement mondial des meilleures universités, aucune école nigérienne n’apparaît dans l’étude. Le système éducatif va mal au pays. Des programmes comme PDEV, JICA, PDDE, j‘en passe, malgré leur pertinence n’ont pas encore réussi à garder la barre haute. Des manquements comme ceux de l’affaire MEBA sont révélateurs. Ils confirment la thèse selon laquelle, les responsables éducatifs du pays ne font pas assez en vu de l’instauration d’une éducation compétitive dans la sous région. Il manque au Niger, des enseignants qualifiés en quantité et  des infrastructures scolaire adéquats.  Contribuer à l’amélioration de l’accès aux structures du préscolaire, à l’enseignement du cycle de base 1 et à l’éducation non formelle par un accroissement et une meilleure distribution de l’offre et la stimulation de la demande sociale d’éducation sont entre autre les objectifs visés par les autorités nigériennes.  Mais le niveau des élèves n’a jamais était médiocre comme il l’est ces dernières années.

L’économie nationale,

Elle est essentiellement artisanale et reste toujours embryonnaire. L’agriculture et l’élevage sont les poumons économiques du Niger. La première constitue la principale activité de la population, en dépit de l’insuffisance des terres de cultures qui sévit dans le pays. L’élevage occupe une place importante et constitue la seconde activité économique. Les politiques en vue d’un développement de ces secteurs sont parfois inadéquates et inefficaces.  Le marasme économique classe toujours le  Niger,  parmi les derniers pays selon l’indice humain de développement.

Sur le plan sanitaire,

La santé n’a pas de prix. Mais au Niger, elle coûte chère aux populations pauvres. Les soins sont gratuits chez les enfants de 0 à 5 ans est une vraie escroquerie du moment où la disponibilité des médicaments n’est pas garantie. A part le mauvais accueil, une longue ordonnance vous sera prescrite à chacun rendez-vous. Les écoles de santés en nombre pléthorique forment chaque année du n’importe quoi. Le Niger a le plus faible taux de couverture médicale dans la sous région.  Il y a 1 médecin pour 200 000 habitants au Niger. La mort infantile et maternelle est un vrai problème de santé publique. Si l’état fait un effort pour changer le pays, pourquoi la population résiste t-elle au changement ? En fin bonne fête de l’indépendance, si nous sommes réellement indépendant !


Bras de fer entre le gouverneur de Zinder et le syndicat des magistrats

stopSur ordre du procureur de Zinder, des individus mis sous mandat de dépôt ont été libérés. A la grande surprise de tout un chacun, c’est le gouverneur de la région Kalla Moutari qui a donné cet ordre. Cette affaire qui suscite des inquiétudes risque d’obscurcir l’image des autorités administratives de la région. S’appuyant sur le principe de séparation de pouvoirs, le Syndicat automne des magistrats du Niger (Saman), s’insurge contre l’ingérence du gouverneur dans les affaires judiciaires, et voici leur version des faits.

Selon le secrétaire général du Saman, section de Zinder, les faits remontent au 15 juillet 2015.  Un de leurs membres s’était rendu à la direction régionale des mines et de l’énergie de Zinder pour retrouver sa belle-sœur qui devait l’accompagner au centre de soin avec son enfant malade. Pendant qu’il se gare, un motocycliste arrive derrière lui et lui demande de bouger son véhicule pour qu’il puisse passer. Le camarade lui dit qu’il peut bien passer, car il n’a pas obstrué le passage. Têtu qu’il est le motocycliste refuse d’avancer et attend qu’on lui cède la place… puis d’un coup, il démarre son engin et percute le véhicule. Certainement, le malheureux ignorait qu’il venait de provoquer un substitut de procureur. Comme par magie, un autre individu arrive et commence à filmer la scène avec son téléphone portable à « d’autres fins » ajoute le camarade SG. Entre-temps, un troisième individu sort des bureaux, et arrive sur les lieux. Il s’ingère dans la dispute et qualifie le substitut d’insolent. Outre les propos discourtois, il profère même des menaces à son endroit.

En bon citoyen, le juge fait appel à la police qui ne tarde pas à venir. Lors de l’interpellation sur les lieux, les prévenus opposent une résistance farouche avant de se faire embarquer. Après cette plainte, le procureur fait un mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Zinder. Aussitôt informé, le gouverneur de la région appelle le plaignant pour lui demander les motifs pour lesquels il poursuit ces personnes. Et selon le substitut du procureur, elles sont poursuivies par voie de fait, un terme juridique que le gouverneur ne comprend pas (moi-même, c’est pour la première fois que j’entends ce terme). Le substitut a pris tout son temps pour expliquer au gouverneur le sens du terme. Convaincu ou pas, le gouverneur a dit au substitut qu’il n’est pas le « roi de Zinder », et qu’il ne peut pas se permettre de poursuivre n’importe qui. Pourquoi pas ? Le soir vers 20 heures, heures locales, les prévenus sont exfiltrés selon le secrétaire général du Saman. Le régisseur de la prison de Zinder a dit avoir reçu l’ordre du gouverneur. Il craint pour son poste, c’est pourquoi il s’est exécuté.

Le syndicat autonome des magistrats du Niger ne voit pas cette décision d’un bon œil. Et dans leur point de presse de la semaine dernière, il affirme qu’au Niger personne n’a le droit de libérer un prisonnier à l’exception du juge, même le président de la République ni même le ministre de la Justice. Kalla Moutari, un politicien en liberté provisoire depuis plus de 15 ans risque de sortir affaibli de cette affaire. Mais les prochaines semaines nous édifieront davantage.


Le vélo, lui sauve sa scolarité !

veloCe billet est l’histoire racontée par un camarade de classe, en dernière année au collège. Sans le vélo de son oncle, il aurait été un ex-élève sans avenir. Hier soir, il me dit; « Toi qui aimes écrire, écoute mon récit. Il intéressera peut-être tes lecteurs ».

Les épreuves écrites du brevet de fin d’études du premier cycle (BEPC) venaient de se terminer. Dans l’attente des résultats permettant de passer l’oral, l’adolescent est revenu dans son village natal, Tajaé Sédentaire, situé à quelque 20 kilomètres d’Illéla (notre chef-lieu d’arrondissement).

Chaque année les examens coïncident avec le début des cultures. Ce moment appelé période de soudure est difficile pour beaucoup de familles en zones rurales où l’on a besoin de bras. Tard dans la nuit l’étudiant apprend qu’il doit passer l’oral et se rendre de toute urgence à Illéla. Le tronçon de route n’est pas bitumé. Les véhicules sont très rares en dehors des jours de marché (jeudi et vendredi). Il a besoin d’un peu d’argent et aussi un moyen de transport sûr qui lui permettra d’être au centre des examens à temps.  Sa mère et sa grand-mère sont toutes des ménagères. Elles  ne peuvent rien faire à ce moment précis pour lui. Leur âne, le plus vigoureux du village, n’est pas une solution. Son grand-père n’accepte pas de lui céder sa pouliche enceinte de plusieurs mois. Il sait qu’il aime la chevauchée et qu’une partie de course pourra faire perdre le foetus de la pouliche. Son papa vit à la frontière ghanéenne, il se soucie beaucoup de ses études, mais il est loin. Ses oncles n’ont pas les moyens pour louer une moto, mais l’un d’eux à une bonne idée et lui dit : « Mon fiston, moi je n’ai rien, tu le sais bien. Mais si ça peut t’aider, tu peux utiliser mon vieux vélo pour passer ton examen ». Il  prend le vélo, se rend à Illéla et passe l’examen sans difficulté.

Autrefois, avoir un vélo, c’est un signe de noblesse

Moi, quand j’étais au collège une seule personne avait un vélo. Même les professeurs, tout le monde venait à pied. Le vélo a été le moyen de déplacement le plus utilisé au Niger et surtout dans les zones rurales. Au moment où la campagne de course de chevaux s’achève, celle des vélos continue son beau chemin. Au moment où les ambulances étaient quasi absentes dans les villages, les vélos sont utilisés pour les évacuations. Au début, ceux qui pouvaient se procurer ce joyau se comptaient sur le bout des doigts. Le vélo était réservé à la haute classe, la classe marchande. Mais, depuis l’avènement des motos chinoises (Qlink, Kasea, etc.), le vélo a été délaissé. Aujourd’hui, seuls les petits enfants s’adonnent aux joies du vélo.


Fête de Ramadan ou retour aux vieilles habitudes

Des fidèles musulmane s à la grange prierre de Tahoua
Des fidèles musulmans
s à la grange prière de Tahoua

L’Aïd El Fitr ou fête de ramadan marque la fin d’un mois de carême chez le monde musulman. Chez certains au Niger, c’est aussi, un moment pour reprendre les vieilles habitudes.

Le jour de la fête de Ramadan, est un moment de grande joie, de fierté de réjouissance. Il marque également la fin de 30 ou 29 jours de jeunes chez les musulmans. Après un mois de jeûne et de dévotion, les musulmans nigériens ont célébré  l’Aïd El Fidr ce vendredi 17 juillet 2015. Ils étaient nombreux les fidèles qui se sont convergé vers leurs différentes mosquées pour la traditionnelle prière collective de «Salat aid ». À Tahoua étaient présents à cette prière, les autorités administratives coutumières et religieuses résidentes dans le chef lieu de la région. Après les deux raka’at, l’imam de la mosquée régionale, a ensuite présenté la Khutbat. Ensuite, c’est au tour des différents responsables régionaux de souhaiter une bonne et heureuse fête à toutes la population de la région et les appeler à cultiver l’esprit de fraternité, de la tolérence et de la cohésion. Les différents intervenants ont de prime à bord incité l’assistance à dénoncer le terrorisme religieux sous toutes ses formes. Il a été également rappelé aux fidèles musulmans présents à la grande prière située à l’ouest de la ville de Tahoua à tourner le dos à l’islam radicale. Enfin, une Fatiha a été dite pour que le Bon Dieu préserve le Niger et qu’Il le gratifie d’un hivernage fécond.

La fête de Ramadan se prépare avant même son arrivée

 Depuis quelques jours déjà avant l’arrivée de ce jour, les gens se préparent ça et là. Il faut payer de nouveaux  habits surtout pour les les femmes et les enfants. Gars au chef de famille, qui ne réussit pas cet exercice. Les Vas et viens chez le tailleur ne finissent jamais pour ceux ou celles qui n’ont pas encore récupéré leurs habits en couture. Les femmes embellissent leurs maisons. Pour celles qui ont les moyens, elles changent tout le décor de la maison. Le jour de la fête, chez moi tout le monde se fait  beau. C’est pourquoi, un adage disait  « il ne faut jamais choisir sa fiancée le jour de la fête ». La fête de l’Aïd El fitr, est aussi la fête de demande de pardon entre les fidèles. Le matin de très bonheur, on passe chez les voisins puis les amis pour leur souhaiter bonne fête et leur demander pardon.

Retour aux vieilles habitudes

Pendant le mois de Ramadan, tous les musulmans essayent un temps soit peu d’adapter de bonnes manières. Chez moi, l’appartenance à l’islam de certains, s’arrête qu’au mois de Ramadan. Ils  deviennent alors des croyants pratiquants à qui on ne peut rien reprocher. Ils tournent le dos à tout ce qui est pécher et on ne voit que leurs bonnes œuvres. Certains alcooliques arrêtent de boire pendant tout le mois de Ramadan. Les maisons closes fonctionnent au ralenti. Les bars et les autres coins de loisirs ou de distractions sont « dépeuplés » au profit des mosquées. La bouteille de la pierre ou du wisky à la main, a été remplacée par un joli chapelet. Les émissions radiophoniques religieuses sont diffusées dans toutes les radios. Tout le monde devient « bon croyant ». Mais, dès l’annonce du croisant lunaire, qui prédit la fin du jeûne et le début de la fête, les vieux démons se réveillent. Les faux croyants reviennent à leurs veillent mauvaises habitudes.  Pendant la fête, c’est une occasion pour les jeunes garçons d’inviter leurs copines une façon d’être « dédommagés » pour tous les cadeaux faits. Une tradition nigérienne, exige dans un couple, dès le début du mois de Ramadan, à l’homme d’amener chez les parents de la fille, au moins un carton de sucre. A l’approche de la fête, il doit aussi payer les habits et les tresses. Et le jour de la fête, ils chercheront une compensation (il n y a pas de service gratuit). Certains  font mêmes des rattrapages. Cela qui ont retiré les préservatifs des coffres des bureaux ou des voitures, les remettent immédiatement. Rendez-vous donc au Ramadan prochain, pour se faire encore le « musulman exemplaire ».


De l’or, il y en a au Niger

www.bonferey.com
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La nouvelle de la récente découverte d’or dans les plateaux du Djado, a très vite fait le tour de tout le Niger. Les récits des orpailleurs, cela qui ont réussi, ont donné une grosse envie à tous les aventuriers de faire le voyage sur Djado. Dès lors, ces appareils détecteurs d’or à bon marché connaissent un essor considérable au Niger. Mais, la région d’Agadez est réputée pour abriter des groupes de petits mafieux et autres criminels. A cela s’ajoutent désormais des coupeurs de route qui dépouillent les orpailleurs à leur retour.

Après Koumabangou, d’importants gisements d’or ont été découverts récemment à Djado dans la région d’Agadez. Le sous-sol de cette région située au nord du pays renferme d’importantes ressources naturelles et minières. Chaque jour, ce sont des dizaines de camions chargés d’hommes qui traversent la ville de Tahoua en direction du Djado et cela en dépit de l’état piteux de la route. Cet endroit, est devenu un nouveau lieu d’exode des populations rurales nigériennes, mais aussi, et surtout de nos voisins les plus proches. Agadez est l’un des vieux passages obligés des migrants vers la Lybie puis l’Europe. Ceux qui n’ont pas la chance de faire la traversée du Sahara se tournent vers les plateaux aurifères du Djado. Ces hommes veulent tenter leur chance avec tous les risques que cela comporte. Selon les témoins, sur le chemin de retour, des bandits armés et coupeurs de route dépouillent les voyageurs de leurs biens. La présence sur le site des éléments de forces de l’ordre empêche les malfaiteurs de perturber les activités. Ceux qui gagnent le gros lot se font escorter jusqu’à Agadez par les agents de sécurité pour éviter les mauvais souvenirs. Dans la plupart des cas, cet or est exploité de façon artisanale. Pendant la saison pluvieuse, cette activité est beaucoup plus dangereuse. De l’or, il en a à Djado. L’apparition de ce gisement dans cette région lointaine du pays a favorisé l’introduction au pays de ces appareils détecteurs d’or appelé MineLab. Cela dit, certaines personnes vendent tout ce qu’elles ont pour s’en approprier. Certains les achètent aussi pour les donner en location. Sur le site tout s’achète avec de l’or racontent certains orpailleurs. Le troc est si développé que tout s’évalue en or ; même les brochettes.


Au Niger, des jihadistes attaquent la prison de Diffa

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A l’entrée de la ville de Diffa

Malgré le mois béni du carême, les islamistes de Boko Haram ne sont pas prêts à arrêter la guerre qu’ils mènent contre le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad. Le kamikaze est leur dernier moyen de donner la mort et de semer la terreur parmi les populations concernées. Des populations innocentes sont tuées et chassées de leurs villages. Mais à quand la fin de cette guerre qui ne dit pas son nom ?

Après le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, la secte Boko Haram continue à faire des victimes au Niger. Samedi 11 juillet, un groupuscule d’individus armés avait attaqué tard dans la nuit la prison civile de Diffa au prétexte que des membres de leur groupe étaient incarcérés dans cette prison. Selon les autorités nigériennes, le commando qui avait attaqué la maison d’arrêt de Diffa n’a pas réussi à faire évader aucun prisonnier. Ce n’est pas la première fois que ce lieu fait l’objet d’une attaque par le groupe terroriste. Le risque n’est pas nouveau et un climat de peur réside à Diffa. Depuis plusieurs jours, Boko Haram a changé sa stratégie d’attaque. Au lieu de venir en groupe, les hommes ont choisi de passer par les tactiques kamikazes. Samedi, les assaillants, dont on ignore le nombre, portaient des uniformes militaires tchadiens selon certaines sources. Après des échanges de tirs, ils ont tué un capitaine de la Garde nationale. De leur côté, trois attaquants ont trouvé la mort. Deux d’entre eux ont réussi à prendre la poudre d’escampette et se sont cachés dans la ville de Diffa. Plusieurs jeunes natifs de cette région ont rejoint les rangs de la secte. Dans une stratégie d’implication de toute la population, les autorités de Diffa ont « levé le Coran ». La levée du Coran est une croyance et une pratique religieuse très courante dans cette région du Niger. Elle oblige les gens à ne pas cacher la vérité. Et celui qui osera sera « tué » par le Coran. Plusieurs personnes soupçonnées d’appartenir à la secte Boko Haram ou prises la main dans le sac ont été arrêtées à Diffa depuis le début de la guerre contre le terrorisme. La cité de Damergou est depuis, devenue une ville garnison, vu le nombre impressionnant de militaires déployés dans la zone. Et il semble que malgré tout cela, cette guerre risque de prend


Niger : les distributions de vivres pour faire face à la famine

Séance de distribution gratuite de vivres dans un village au Niger
Séance de distribution gratuite de vivres dans un village au Niger

La distribution gratuite ciblée et le cash transfert sont deux moyens d’atténuation des crises alimentaires au Niger. Ces opérations sont effectuées dans la plupart des cas dans les zones rurales. Elles sont de tout temps confrontées à un manque de transparence.

Le Niger est un pays sahélien en proie à plusieurs aléas climatiques. Une année sur deux, la sécheresse puis la famine anéantissent les activités socio-économiques dans les zones rurales. Mon pays fait face depuis longtemps à des famines chroniques. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont fait de la lutte contre la faim au Niger, leur cheval de bataille. Des projets et programmes très ambitieux sont ficelés dans le  seul but d’éradiquer cette faim.  Mais la famine et la malnutrition continuent à être l’une des causes importantes de la mort infantile dans nos villes et campagnes. Bien que cela soit connu de tous, certains dirigeants ne veulent pas qu’on appelle le chat par son nom. Ils cherchent toujours en vain, des voies et moyens pour éviter que l’on mentionne qu’il y a une famine dans tel ou tel village. Quand les populations vulnérables se comptent en milliers, les organismes humanitaires nationaux et internationaux entrent alors en jeu.

La distribution gratuite ciblée (DGC) et le cash transfert (CT)

Ces dernières années, les organisations non gouvernementales (ONG) et les associations de développement (AD) ont initié un programme appelé DGC ou distribution gratuite ciblée. Ce programme consiste à recenser dans un village des familles les plus vulnérables, auxquelles on donnera des quantités suffisantes de vivres. Un autre programme dénommé cash transfert autorise lui, une distribution de sommes d’argent toujours à ces familles dites vulnérables. Pendant au moins 3 mois, la femme ou le mari sélectionné par le programme reçoit sa ration alimentaire ou son argent sans problème. Ces dispositifs ont permis à de nombreuses familles de souffler avant les prochaines récoltes. Mais la sélection ou le recensement de ces plus vulnérables ne se fait pas de façon objective. Parfois, il revient au chef de désigner la population démunie et il arrive souvent que le chef priorise ses proches. A noter que ces distributions ont un côté négatif. Des honnêtes villageois se transforment très vite en petits escrocs et paresseux. Ils  font tout pour satisfaire les critères de sélection. Des femmes arrêtent l’allaitement de leurs enfants pour que le jour du recensement, leurs bébés présentent les signes de malnutrition.

La DGC et le CT points de discorde dans les foyers

La DGC et le cash transfert sont aussi le point de discorde entre conjoints. Quand c’est la femme qui est choisie et non son mari, ce dernier fera tout pour avoir une main mise sur ce qu’elle  a reçu. Chez moi, les hommes ont toujours le dernier mot, en ce qui est de la gestion du foyer. Des femmes sont battues, chassées de leur foyer pour refus de remettre au mari son « butin » de la DGC ou du cash transfert. Mais des années de Cash et de DGC ont été réalisées et la situation de zones rurales reste la même. Aider les populations en situation de crise, c’est bien. Mais, leur apprendre comment se prendre en charge c’est mieux. Un adage de chez nous: « Donner du poisson à un enfant c’est bien, lui apprendre à pêcher c’est mieux! »